"Le Practitioners' Network est un acteur clé de la coordination au sein de l’Équipe Europe"
Quel bilan faites-vous de cette année de présidence du Practitioners Network ?
Jérémie PELLET : Dans un contexte géopolitique en mutation, l’année 2023-2024 a été stratégique pour le Réseau des praticiens et ses membres.
Au nom de ses membres, le Réseau a réaffirmé et intensifié ses efforts au service d’une coopération européenne au développement plus forte, plus efficiente et plus visible, en accord avec l’approche « Équipe Europe ». Dans cette optique, le PN a activement contribué à différents débats européens, de haut niveau comme de niveau technique, et a participé à de nombreux forums internationaux et européens de haut niveau, où nous avons collectivement partagé les messages du Réseau.
Au cours des derniers mois, le PN s’est de plus en plus tourné vers le voisinage européen, qui constitue une priorité majeure pour les acteurs européens, en organisant en mars 2024 sa deuxième visite de pays à Tirana, en Albanie. Cette visite de terrain a réuni plusieurs partenaires de développement européens, qui ont ainsi eu l’occasion d’apprendre les uns des autres et d’identifier de nouvelles pistes de collaboration en vue de renforcer et de coordonner l’offre technique de l’Équipe Europe en Albanie et dans le reste des Balkans.
Sur le plan interne, la présidence d’Expertise France s’est engagée à se concentrer le PN pour ses membres, en renforçant la participation et l’implication de tous, dans une optique plus inclusive, et en préparant le Réseau pour l’avenir. Nous avons avancé sur d’importantes questions relatives à la pérennité du Réseau, en engageant une réflexion commune sur deux principaux volets : un volet juridique, avec l’élaboration d’une nouvelle charte du PNP et de statuts pour que le réseau puisse être officiellement enregistré en tant qu’association en Belgique, et un volet financier et de gestion, en explorant différentes possibilités pour renforcer la Coordination du réseau et repenser les frais d’adhésion.
Ensemble, nous avons remporté plusieurs succès. Nous avons échangé avec la Commission européenne au sujet du fonctionnement de l’Équipe Europe à l’occasion de l’examen à mi-parcours du cadre financier pluriannuel de l’UE. Nous avons contribué à la consolidation de l’initiative « Global Gateway ». Nous avons continué d’attirer de nouveaux membres, tels que la Finlande.
Assumer la présidence du Réseau a été un honneur, et je suis ravi de poursuivre cet engagement avec Friedrich Stift pour l’année à venir.
Quelles sont vos ambitions pour cette année de coprésidence ?
Friedrich STIFT : ADA fait partie des initiateurs de l’idée d’un Réseau des praticiens, dont elle a été l’un des membres fondateurs en 2007. À ce titre, ADA a toujours soutenu le PNavec force. Durant cette année de coprésidence, nous souhaitons consolider les principales fonctions du Réseau, à savoir :
- offrir une plateforme d’échange de connaissances et d’apprentissage entre agences européennes de coopération au développement ;
- renforcer le dialogue entre ces agences et la Commission européenne ;
- promouvoir une harmonisation des approches entre acteurs publics européens du développement.
Le PN a connu une période de forte croissance ces dernières années et compte aujourd’hui 24 membres, toutes des agences de développement avec un mandat de service public.
Au cours de l’année à venir, nous souhaitons renforcer le Réseau sur le plan institutionnel en obtenant le statut juridique d’association internationale à but non lucratif basée en Belgique. Nous souhaitons également nous doter d’une équipe de coordination renforcée pour nous appuyer dans la gestion de ce Réseau dynamique.
Nous partagerons également notre savoir-faire et notre expertise afin de veiller à ce que la coopération publique européenne au développement, y compris au travers de l’approche Équipe Europe et de la stratégie « Global Gateway », représente une offre pertinente et utile pour les pays du Sud. Notre objectif commun est de soutenir nos pays partenaires dans leurs efforts individuels pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD).
Selon vous, quelles sont les prochaines étapes pour structurer et consolider le Réseau ?
Jérémie PELLET : Tout d’abord, cette Assemblée générale sera pour le Réseau un moment crucial, qui permettra de dresser le bilan de ce qui a été fait au cours de l’année écoulée, de préparer l’année à venir et d’approuver d’importantes prochaines étapes pour notre communauté, sur des questions aussi bien internes qu’externes.
ADA et Expertise France sont d’accord sur les prochaines étapes à suivre pour le Réseau. Cette vision commune va faciliter le déroulement de notre coprésidence, tout en assurant stabilité et continuité au Réseau. Nous devons aller de l’avant et continuer le travail entamé cette année en vue de structurer et de consolider le réseau.
L’une des principales priorités de cette coprésidence sera de relever les défis internes de renouvellement du Réseau, en poursuivant les démarches d’enregistrement du PN en tant que structure juridique en Belgique, en continuant de renforcer la coordination et le secrétariat du PN et en assurant la pérennité financière du Réseau.
Nous continuerons de renforcer le rôle de la coopération au développement pour déployer le plein potentiel du Global Gateway, de l’Équipe Europe et de son programme « Working Better Together ». Le PN est un acteur clé de la coordination au sein de l’Équipe Europe, entre les agences de mise en œuvre que nous sommes, et avec les acteurs financiers (institutions européennes de financement du développement et membres du JEFIC, notamment). Nous devons continuer de renforcer la coopération technique et financière, aux niveaux stratégique comme opérationnel. Enfin, nous devons raffermir les relations entre le RP et ses partenaires. Pour cela, nous devons accroître la présence du PN à des événements européens et internationaux ciblés tout au long de l’année, diffuser des messages conjoints, consolider la reconnaissance et la visibilité du Réseau et de ses membres auprès de parties prenantes clés, mais aussi continuer d’améliorer la communication externe ciblée à l’intention de ces parties prenantes et inviter des partenaires extérieurs à des activités et des groupes de travail pertinents du RP.
De quelle manière l’Agence autrichienne pour le développement contribue-t-elle déjà aux activités de l’Équipe Europe ?
Friedrich STIFT : L’Agence autrichienne pour le développement soutient actuellement les initiatives de l’Équipe Europe à hauteur de plus de 66 millions d’euros, au bénéfice de 32 projets différents mis en œuvre dans nos pays et régions partenaires.
Toutes nos interventions au sein de l’Équipe Europe sont alignées sur les ODD et contribuent aux plans nationaux de développement de nos pays partenaires.
En Afrique subsaharienne, par exemple, nos interventions au sein de l’Équipe Europe consistent à développer l’accès aux énergies renouvelables, à améliorer la sécurité alimentaire en renforçant la résilience locale aux risques de sécheresse, à accompagner la mise en place de services d’eau et d’assainissement durables dans les camps de réfugiés et les communautés d’accueil, dans une optique d’émancipation des services humanitaires, ainsi qu’à soutenir la coopération régionale en matière de gestion des eaux transfrontières.
Dans les pays du voisinage européen de l’UE, ADA applique l’approche « Équipe Europe » afin de soutenir durablement les capacités de résilience des communautés locales en République de Moldavie. ADA contribue également à favoriser une croissance socioéconomique inclusive, résiliente et durable dans la région de Syunik, en Arménie. Dans le cadre de ce projet, nous nous attachons également à renforcer les fonctions de suivi et de reddition de comptes du cadre d’intervention de l’Équipe Europe.
En participant aux activités de l’Équipe Europe, nous mutualisons nos ressources et notre expertise pour transformer et augmenter l’impact sur le développement de nos pays partenaires.