PGE-Gabès - Programme d'appui à la gouvernance environnementale à Gabès
Objectif
-
5 M€BUDGET
-
19/09/2014DEBUT DU PROJET
-
54 moisDUREE
L’oasis de Gabès, au cœur d’une biodiversité unique
L’oasis de Gabès est l’unique oasis littorale de la Méditerranée et l’un des derniers exemples d’oasis de ce type dans le monde. Outre sa remarquable position géographique, l’oasis concentre une riche biodiversité grâce à un microclimat oasien et une exploitation des ressources adaptée au territoire : trois étages de cultures (palmiers en hauteur, arbres fruitiers à l’étage médian et cultures maraîchères et céréales au sol, etc.). A la fois aquatique et terrestre, la faune y est également diversifiée avec une importante diversité d’oiseaux migrateurs et sédentaires.
Cependant, un certain nombre de facteurs environnementaux menacent l’existence des oasis et les écosystèmes de la région. Le Golfe de Gabès en Tunisie est en effet inscrit parmi les « points chauds de la pollution » en Méditerranée et subit depuis 40 ans les effets d’une grave pollution industrielle. L’intense activité industrielle de la région, dominée par la présence du Groupe Chimique Tunisien (GCT) génère des déchets dangereux, comme le phosphogypse affectant l’état de la faune et de la flore, et dégradant la santé et le bien-être des populations locales. Aujourd’hui, plus de 95% de la pollution atmosphérique de la région provient des usines du GCT.
A lire aussi : Mongi Thameur, gouverneur de Gabès : « We will miss PGE »
© Elodie Afonso
Quatre ans pour soutenir la gouvernance locale
Pour répondre aux défis économiques et sanitaires de la région et afin de préserver les écosystèmes du Golfe de Gabès, l’Union européenne a confié à Expertise France la mise en œuvre d’un projet d’appui à la gouvernance locale environnementale à Gabès (PGE-Gabès). Doté d’un budget de 5 M€ (dont 4,2 M€ en gestion déléguée à Expertise France) et d’une durée de quatre ans, le projet vise à contribuer à la réduction de la pollution dans la région de Gabès en renforçant en particulier les capacités des organisations de la société civile locale (OSC).
Un important travail de mobilisation et d’accompagnement des acteurs locaux a été mené afin de construire une vision partagée du territoire. Ancrées dans les réalités socioéconomiques et culturelles locales, les OSC encouragent des approches participatives et des actions concrètes sur le terrain et deviennent ainsi elles-mêmes porteuses de changements et d’innovation car elles :
• sont source de connaissances et portent les préoccupations des communautés locales ;
• œuvrent pour la gestion durable des terres et des ressources naturelles ;
• suscitent l’adhésion et la mobilisation des acteurs locaux afin de faire émerger des solutions adaptées aux réalités du territoire ;
• prennent part à la définition et la mise en œuvre de politiques publiques locale et nationale.
L’instauration d’une communication environnementale entre les principaux acteurs a rendu possible la création d’un cadre de dialogue propice à l’émergence de solutions partagées.
Cette approche participative entre la société civile, les pouvoirs publics centraux et locaux, et les industriels dans la région de Gabès a permis d’instaurer une dynamique qui puisse servir d’exemple.
A lire : PGE-Gabès : visite d’étude sur les solutions de gestion et valorisation du phosphogypse
Un impact déjà visible
Depuis le démarrage des activités, le PGE-Gabès a été reconnu comme une expérience inédite en Tunisie, conciliant préservation de l’environnement et développement économique durable, et permettant à la société civile de se constituer comme interlocuteur indispensable à la bonne gouvernance des territoires et des affaires publiques.
Le PGE-Gabès a notamment accompagné la prise de conscience collective des populations locales en mettant en place des programmes pédagogiques destinés aux communautés et aux jeunes.
En montrant la voie et en apportant des réalisations concrètes (réhabilitation des oasis, protection de la biodiversité, mesure de la qualité de l’air, éducation environnementale dans les écoles, etc.), le PGE-Gabès a permis d’amorcer le mouvement tout en renforçant la société civile locale.
Les efforts pour retrouver un équilibre viable entre dynamiques économiques, sociales et environnementales dans la région de Gabès doivent se poursuivre après la fin du projet. Le maintien de l’engagement des parties prenantes reste déterminant pour faire de Gabès un modèle de développement durable pour beaucoup d’autres régions sinistrées par la pollution. La clôture du projet n’est donc pas l’aboutissement de ce changement, mais ouvre un nouveau chapitre pour le territoire.
A lire : PGE-Gabès : retour sur les résultats d’un projet innovant
En savoir plus sur le PGE-Gabès
pge-gabes.org @PGE_Gabes @PGEGabes
Entretien avec Ahmed Elleuch, chef d'équipe du PGE Gabès
1. Quel est le point de départ du projet d’appui à la gouvernance environnementale à Gabès, en Tunisie ?
La pollution due à l’industrie du phosphate préoccupe les Gabésiens. Les déchets sont aujourd’hui rejetés dans la mer, ce qui perturbe les équilibres fragiles et complexes du milieu marin et causent des dégâts importants sur la biodiversité marine du golfe de Gabès. Une étude a donc été commandée en 2013 pour trouver une alternative moins polluante. Le résultat a été la proposition d’un site de stockage à Oudhref, à 20 km de Gabès. Mais la société civile s’est rapidement mobilisée contre ce projet, conduisant à une impasse. Face à cette situation, issue d’un manque de concertation, le gouvernement et la délégation de l’Union européenne ont imaginé la création d’un cadre permettant d’associer tous les acteurs, y compris la société civile, aux prises de décisions impactant leur environnement. Le projet d’appui à la gouvernance environnementale locale de l’activité industrielle à Gabès (PGE Gabès) est né de cette réflexion.
2. À travers quels mécanismes la société civile peut-elle participer à cette gouvernance locale ?
Le projet est véritablement axé sur la mise en place d’une gouvernance environnementale participative dans la région de Gabès, visant à associer la population aux décisions les concernant. Des organisations de la société civile ont ainsi été intégrées aux deux comités mis en place : le comité national de pilotage, présidé par le ministre de l’Environnement, et le comité local de pilotage, qui est réellement l’organe décisionnel du projet. Compte tenu des positions de la société civile, les débuts ont été compliqués. Nous avons commencé par organiser des sessions d’information avec les associations de la région actives sur la thématique de l’environnement. Environ 50 associations locales sur les 60 répertoriées ont répondu à notre invitation. Face à leur scepticisme, il s’agissait d’instaurer un dialogue et de restaurer la confiance. À travers un système d’élections, le tissu associatif de la région de Gabès est depuis représenté par quatre représentants aux comités de pilotage. Le but est de faire de ces instances des organes réellement opérationnels, et de les pérenniser d’ici la fin du projet en 2018.
3. Comment le PGE Gabès peut-il répondre aux préoccupations en matière de protection de l’environnement ?
Le programme est décliné en quatre composantes : le développement des connaissances de la thématique environnementale ; le renforcement des capacités des industriels de la région en matière de responsabilité sociétale de l’entreprise ; l’appui aux acteurs locaux de la communication environnementale, et le soutien des actions de développement local et d’amélioration de la situation environnementale. À travers la mise en œuvre de ces quatre composantes, le PGE Gabès veille à faire émerger des éléments de réponse aux préoccupations environnementales de la population gabésienne.