Par-delà les frontières, l’indispensable coopération financière contre la traite des êtres humains (3/4)
« Les criminels ne s’arrêtent pas aux frontières : si on veut travailler sur la criminalité financière par le prisme de la traite des êtres humains, il faut pouvoir travailler dans le transnational entre pays, entre régions, entre continents », a expliqué David Hotte, chef d’équipe de la Facilité globale CFT/AML de l’Union européenne. Lors de l’atelier organisé par l’Union européenne, Expertise France et la Commission tunisienne des affaires financières (CTAF), près de trente pays étaient donc réunis aux côtés des organisations internationales et régionales impliquées dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (LBC/FT) telles que le Groupe d’action financière (GAFI) et l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC). L’objectif : échanger sur leurs défis respectifs, identifier les moyens de rendre leur action plus efficace, mais aussi se connaître pour pouvoir coopérer plus facilement par la suite.
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Faire bloc face aux groupes criminels
De façon unanime et quelle que soit leur région d’origine, tous les intervenants ont souligné la nécessité d’appliquer les recommandations internationales et de développer la coopération au niveau régional et international afin de pouvoir réaliser des enquêtes financières complètes. Car les groupes criminels et terroristes exploitent les faiblesses des Etats et leur manque de dialogue pour mener leurs activités.
Si un pays de la région applique imparfaitement les standards définis au niveau international, il fragilise l’ensemble des Etats. « Le maillon faible devient un facteur de vulnérabilité pour les autres », a expliqué Tuemay Aregawi, expert sur le projet AML-THB in the Greater Horn of Africa. « La responsabilité tout comme l’action doivent être communes », a-t-il ajouté, tout en déplorant que la coopération reste encore faible entre les pays d’Afrique de l’Est.
La force du maillon régional
Dans ce cadre, les déclinaisons régionales du GAFI – les « FATF Style Regional Bodies » (FSRB) – sont amenées à jouer un rôle important en tant qu’intermédiaire entre le global et le national. Elles accompagnent les Etats dans l’identification de leurs risques en conduisant des évaluations au regard des recommandations du GAFI et les aider à les mettre en application. Présents lors de l’atelier, le Groupe intergouvernemental d'action contre le blanchiment d'argent en Afrique de l'Ouest (GIABA) le MENAFATF – le GAFI pour la région Afrique du Nord/Moyen-Orient – et le Conseil de l'Europe ont pu présenter les initiatives qu’ils avaient développées ces dernières années. Mariam Ibrahim Touré Diagne a notamment détaillé la typologie de la traite d’êtres humains en lien avec le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme réalisée par le GIABA.
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Le bureau régional pour le Moyen-Orient de l'ONUDC, sis au Caire (Egypte), représenté par Mona Salem, a quant à lui mis en avant la production d’outils tels que des manuels comme moyens de renforcer les capacités des Etats de la région – par exemple sur l’investigation financière en matière de traite et de trafic d’êtres humains ou sur les indicateurs d’alerte pour les banques en matière de traite. Une piste intéressante, car elle implique de renforcer la coopération avec le secteur privé et notamment les institutions financières dans la LBC/FT.