Investir dans les activités liées au « care » pour une croissance économique plus égalitaire, inclusive et durable

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Amériques
Dans le cadre du programme EUROsociAL+ financé par l’Union européenne, programme bi-régional Amérique Latine-Europe mené en consortium avec la FIAPP (leader) et IILA, la composante Politique d’égalité des genres coordonnée par Expertise France a élaboré un rapport synthétique intitulé « La COVID-19 au cœur de la vie des femmes : investir dans les activités liées au care » en partenariat avec la Commission interaméricaine des femmes (CIM) de l’Organisation des États américains (OEA).

Aujourd’hui, une femme sur quatre occupant un poste de direction – soit plus de deux millions d’entre elles – envisage de réduire ses responsabilités professionnelles, de prendre des congés ou de quitter le marché du travail [1]. Les responsabilités liées au care familial et la surcharge de travail qui découle des tâches ménagères non rémunérées – majoritairement assumée par les femmes – sont les deux principales raisons expliquant ce phénomène.

Or, le retrait des femmes de la vie professionnelle (et notamment leur moindre présence dans la sphère publique) peut avoir des conséquences néfastes sur la croissance économique des pays et la reprise post-pandémique, comme le souligne la dernière publication d’EUROsociAL+. Les auteurs invitent ainsi à se demander comment la participation active et égale des femmes à la vie économique et aux emplois formels se traduit par une plus grande croissance dans les pays aussi bien latino-américains qu’européens.

L’investissement social pour un avenir post-pandémique plus inclusif

Dans ce contexte pandémique, les inégalités dans la répartition des tâches domestiques et dans les activités liées au care ne cessent de croître et la charge du travail non rémunéré effectué par les femmes augmente. La crise contribue ainsi largement à montrer que la charge du travail à l'intérieur et à l'extérieur du foyer pesait et continue de peser en grande partie sur les femmes. A ce titre, la secrétaire exécutive de la Commission interaméricaine des femmes (CIM) de l’Organisation des États américains (OEA), Alejandra Mora, rappelle que « lorsque nous assignons aux femmes la responsabilité unique ou principale des tâches domestiques et des activités liées au care, nous limitons immédiatement leur insertion ou leur permanence sur le marché du travail ». 

Dans ce cadre, quelles solutions sont envisageables ? La CIM, principal forum politique d'Amérique latine luttant pour la reconnaissance des droits des femmes et l'égalité des sexes depuis sa création en 1928, suggérait aux gouvernements, déjà dans le rapport de 2020 : La Covid-19 au cœur de la vie des femmes : urgence globale en matière de soins, aux gouvernements de développer des politiques publiques autour de cinq axes :

• le droit des personnes à être soignées ;

• le soutien des systèmes de protection sociale aux familles ;

• la nécessité d’une plus grande participation des hommes en matière de care ;

• de traiter les soins et les activité liées au care comme une question transversale ;

• et d’établir des liens efficaces avec les chaînes de valeur du secteur productif.


Le rapport synthétique paru le 15 janvier 2021 approfondit la question de l’investissement social en matière de care dans la construction d’un avenir post-pandémique plus inclusif et égalitaire. Il nous rappelle qu’en l'absence d'actions concrètes et spécifiques faisant des activités liées au care une préoccupation publique, collective et primordiale pour le développement économique et social, la pandémie finira par aggraver les inégalités entre les sexes au sein des ménages et dans l'économie sans résoudre la question historique de la répartition du travail productif et reproductif.

Investir dans les activités liées au care pour une croissance économique plus égalitaire et durable

Selon l’analyse des auteurs, tout investissement – qu’il soit public ou privé – destiné à des activités liées au care sera vecteur de croissance économique et de productivité, et ce à travers la rétention d’un plus ample capital humain comptant avec la présence de femmes sur le marché du travail. Les actions immédiates en faveur de l'égalité des sexes en matière d'emploi et sur le marché du travail se traduirait par une injection de 13 000 milliards de dollars américains dans l’économie à l’échelle globale d’ici à 2030 [2]

 


Enfin, le rapport note qu’investir dans les activités liées au care implique aussi de se tourner vers la question du développement de l’enfant. Le care est lié à la reconnaissance des droits à des soins mais aussi à une éducation accessible et de qualité dès le plus jeune âge. L'OCDE ou encore l’Unicef ont indiqué en 2019 que le rendement moyen d’un dollar investi dans le développement de l’enfance et/ou l’éducation peut être jusqu’à cinq fois supérieur à la somme initialement engagée [3].

 

La COVID-19 au cœur de la vie des femmes : Investir dans les activités liées au care (à télécharger en espagnol / version en anglais prochainement disponible) est une publication qui s'inscrit dans la série de documents (en particulier le rapport La COVID 19 au cœur de la vie des Femmes : Urgence globale en matière de soins) élaborés par la composante Politiques d’égalité des genres d'EUROsociAL+ (mise en oeuvre par Expertise France) en partenariat avec la Commission interaméricaine des femmes (CIM) de l’Organisation des Étatsaméricains (OEA). 

 

 

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