Renforcer le système de santé après l’épidémie Ebola en Guinée
Pouvez-vous nous parler des débuts de votre collaboration avec Expertise France ?
J’ai eu l’occasion de rencontrer Expertise France lors de l’épidémie Ebola en 2014 et nous avons commencé à travailler ensemble en 2015. C’était une période très préoccupante et la France et le Maroc ont accepté de collaborer dans la lutte contre cette épidémie. Expertise France a apporté son aide, avec des laboratoires mobiles, dans les zones où la maladie était présente, puis avec le projet LAB-NET qui a renforcé les capacités de diagnostic de l’Institut national de santé publique. Il n’est désormais plus nécessaire d’envoyer des échantillons à Dakar ou à Bordeaux. Il y a ensuite eu la création d’une équipe régionale d’alerte et de riposte aux épidémies (ERARE) qu’Expertise France a contribué à mettre en place et à former. Cette équipe a permis la détection précoce et le traitement rapide des maladies à caractère infectieux et a renforcé la capacité de réaction aux futures épidémies.
Quels sont les défis et les réalisations que vous souhaitez mettre en avant ?
Avec Ebola, nous avons pris conscience de la fragilité de notre système de santé et de la nécessité d’agir différemment. Le plan de
redressement du système de santé prévoyait la mise en place de centres de soins dans tout le pays. Chaque juridiction dispose à présent d’un centre de soins.
La plupart du personnel de santé n’était pas formé pour faire face aux épidémies ou à la gestion des épidémies. Grâce au soutien de nos
partenaires, nous avons formé des médecins et du personnel de santé dans toutes les régions.
Nous avons également pu renforcer la logistique.
Avant l’épidémie, aucun moyen de transport n’était prévu pour les patients. Avec l’appui de nos partenaires, nous sommes passés de
33 ambulances à 480, ce qui constitue une avancée majeure en termes de transport. Dans le cas spécifique d’Expertise France, je mettrais en avant la formation en épidémiologie permettant de faire face aux situations d’urgence.
À l’avenir, quelle est votre priorité en ce qui concerne le système de santé ?
Nous ne devons pas nous concentrer uniquement sur les épidémies. Avec le projet PASA, nous améliorons la gouvernance.
Pour améliorer la planification, nous devons élaborer des manuels de procédures, renforcer les capacités structurelles et d’audit, et améliorer le cadre institutionnel. Nous devons par ailleurs renforcer la décentralisation. Les communautés locales doivent s’approprier les soins de santé. Pour cela, nous avons développé le concept de soins de santé communautaires, et les autorités locales piloteront les politiques concernées. Nous devons également améliorer les services de santé, car notre taux de mortalité maternelle est très élevé. Nous avons besoin de nouvelles infrastructures dotées de meilleurs centres de santé et maternités. Enfin, nous devons continuer à intégrer une nouvelle dimension dans la prévention et le contrôle des infections, y compris dans la lutte contre les maladies dans les établissements de santé.