La formation des cadres ouest-africains, une action structurante pour accélérer l’action sur le climat

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Afrique subsaharienne
Depuis 2019, Expertise France par le biais du projet GCCA+ Afrique de l’Ouest accompagne AGRHYMET – Centre Climatique Régional pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (CCR-AOS) dans la formation des cadres ouest-africains à travers le Master en Changement Climatique et Développement Durable (MCCDD). Au total, 48 cadres et professionnels ont été formés sur les deux promotions du Master dont 40 bénéficiaires d’une bourse de formation financée par le projet GCCA+ Afrique de l’Ouest mis en œuvre par Expertise France, sous le portage politique de la CEDEAO, en partenariat avec le CILSS et financé par l’Union Européenne.

Améliorer le savoir-faire sur les questions de changements climatiques

La disponibilité et l’expertise des cadres techniques dans les services nationaux est une des conditions pour renforcer la résilience climatique dans la région ouest-africaine. Le projet GCCA+ Afrique de l’Ouest soutient le Master Changement Climatique et Développement Durable (MCCDD) mis en œuvre par AGRHYMET CCR-AOS. Ce programme de formation est crucial pour permettre aux pays ouest-africains de disposer de cadres bien formés sur les thématiques du changement climatique afin de mieux accompagner la mise en œuvre de l’Accord de Paris au niveau national et local. « L’objectif de ce Master est de former des cadres de haut niveau qui sauront, d’une part, valoriser et capitaliser les connaissances sur la science du climat, réaliser des études de vulnérabilité, d’impact et d’adaptation, et d’autre part aider les pays à intégrer la dimension changement climatique dans les politiques, les programmes et les stratégies régionales, nationales et locales de développement » explique Professeur Sanoussi ATTA, chef du Département Formation et Recherche à AGRHYMET CCR-AOS et Coordinateur du MCCDD.

Cette formation régionale d’une année (de type Master 2), cible principalement les cadres et professionnels des services publics, parapublics ou privés. Plusieurs cadres de différents ministères et institutions en Afrique de l’Ouest ont bénéficié de cette formation. « Les connaissances acquises au cours de la formation de Master Changement Climatique et Développement Durable me permettent d’améliorer mon approche méthodologique dans les études que je mène dans le cadre de mon travail. J’ai de nouvelles techniques d’analyse qui me permettent de proposer beaucoup plus de solutions pertinentes. J’ai beaucoup plus d’arguments scientifiques pour expliquer les phénomènes. J’ai une meilleure connaissance des risques climatiques » explique KANGA Brou Isidore, chef du Service Etudes à la Direction de la Météorologie Nationale de Côte d’Ivoire (DMN-SODEXAM) et étudiant de la promotion 2019-2020 du Master CCDD.

Favoriser les politiques relatives au renforcement des capacités sur les changements climatiques

« Aujourd’hui, les cadres formés sont outillés pour appuyer l’intégration du changement climatique dans les politiques nationales, sectorielles et locales, appuyer la mise en œuvre des contributions déterminées au niveau national (CDN), élaborer et mettre en œuvre des programmes d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques et aider les collectivités locales au verdissement de leur plan de développement Communal » affirme Dr Maguette KAIRE, point focal CILSS du projet GCCA+ Afrique de l’Ouest et formateur du Master CCDD.

En formant davantage de cadres au niveau des pays, cette formation accroît le couplage entre renforcement individuel et renforcement organisationnel et institutionnel. « Ce Master est une formation très demandée en Afrique de l’Ouest. C’est une formation assez spécifique qui cible des compétences actualisées dans le cadre de l’action climatique mondiale et la mise en œuvre de l’Accord de Paris, allant de la gouvernance climatique, les négociations climatiques dans le cadre de la CCNUCC, jusqu’aux questions d’adaptation, d’atténuation et de finance climat. Ce master a connu trois promotions avant le projet GCCA+ Afrique de l’Ouest qui a permis de soutenir la réalisation de 2 promotions supplémentaires. Nous avons constaté que les sortants de ce Master sont aujourd’hui très impliqués sur les questions de climat dans leur pays et sont aujourd’hui des experts nationaux et points focaux, présents dans les discussions et autres négociations sur le climat (COP) » poursuit Dr Maguette KAIRE.

Avec l’intérêt suscité par cette formation dans le renforcement de capacités pour la mise en œuvre de mesures d’adaptation et d’atténuation, plusieurs voix s’élèvent pour la poursuite du Master. « Compte tenu de l’importance de cette formation pour les pays de l’espace CILSS/CEDEAO, nous exhortons le projet GCCA+ Afrique de l’Ouest à poursuivre les efforts, affirme PARE Safièta, porte-parole de la promotion 2019-2020.

 

Relier les apprenants aux projets de terrain

 « Si nous pouvons relier les apprenants aux projets et initiatives d’agriculture intelligente face au climat en cours dans la région, les cadres pourraient générer des connaissances utiles pour aider à la prise de décisions éclairées » s’enthousiasme Sékou Sangaré, Commissaire chargé de l'agriculture, de l'environnement et des ressources en eau à la Commission de la CEDEAO.

Le projet GCCA+ Afrique de l’Ouest, en synergie avec le Projet Agroécologie PAE financé par l’AFD et l’Union européenne ont facilité la réalisation des stages des étudiants du Master au sein des projets pilotes d’agriculture intelligente face au climat qu’ils soutiennent. C’est le cas de Vicencia DOGOLI qui a réalisé son stage de Master avec ECLOSIO au Bénin pour étudier les bonnes pratiques de riziculture intelligente face au climat, et Ibrahim MATI MAHAMAN avec l’ONG MORIBEN au Niger, tous deux soutenus par le projet GCCA+ Afrique de l’Ouest. « J’ai eu à travailler avec MORIBEN sur l’impact des pratiques agroécologiques sur la résilience des exploitations familiales au Sahel face au changement climatique notamment dans la communauté rurale de Karma dans l’ouest du Niger. Nos travaux montrent que la mise en œuvre de ces pratiques est très variée dans la commune. On constate également que le potentiel d’atténuation des pratiques agroécologiques est variable en fonction des parcs agroforestiers et des pratiques qui y sont associées » explique MATI MAHAMAN Ibrahim. Ainsi, de nouvelles connaissances et données sont générées sur l’adaptation et l’atténuation, pour servir de base à des décisions pour les décideurs et cadres sur le terrain.

Vers un apprentissage en ligne sur les changements climatiques dans la région

Afin de rendre la formation sur les changements climatiques plus accessible et à coût réduit pour les cadres et professionnels, le projet GCCA+ Afrique de l’Ouest travaille à la digitalisation des offres de formation sur le changement climatique. Ainsi, en 2021, le plan de renforcement de capacités du « digital learning » sur les changements climatiques en Afrique de l’Ouest a été élaboré et validé par la commission de la CEDEAO.  Un centre de compétences régional et de coalition d’acteurs sur le digital learning est en gestation avec une étude de faisabilité en cours, tandis qu’il est envisagé pour cette année 2022 une mise en place d’une stratégie de digitalisation des formations de AGRHYMET CCR-AOS.

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