Union africaine : « L’économie bleue représente une opportunité cruciale pour le continent »

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L’économie bleue, concept dont l’agence soutient le développement se fonde sur une gestion durable des ressources marines pour préserver les écosystèmes, tout en améliorant les moyens de subsistance et l’emploi afin de contribuer au progrès social. Dans le cadre de la Facilité d’appui à l’Union africaine financée par l’AFD, l’agence soutient l’UA dans la définition de sa stratégie en matière d’économie bleue. Georges Mba Asseko, chef de la division économie bleue de l’Union africaine (UA), évoque les enjeux et les objectifs de l’économie bleue, secteur défini par l’organisation comme une « nouvelle frontière de renaissance africaine ». Il revient également sur le rôle d’Expertise France dans l’accompagnement de cette stratégie.

Depuis 2020, Expertise France accompagne les initiatives de l’Union africaine (UA), sur financement de l’AFD, pour renforcer son rôle dans l’intégration économique du continent. Un des axes clés de ce projet est l’économie bleue. Quels sont les objectifs en la matière pour l’organisation ?

Le continent africain regorge de ressources liées à l’eau qui peuvent être exploitées de manière durable, faisant de l’économie bleue une opportunité cruciale. À l’Union africaine, nous pensons que cette économie est un levier essentiel que l’Afrique doit actionner pour développer et transformer son économie, dans le but de devenir un acteur majeur sur la scène économique mondiale. Après avoir exploré les potentialités de l’économie bleue au cours des dix dernières années, nous allons passer du « quoi faire » au « comment faire ».

La stratégie de l’UA pour l’économie bleue repose sur cinq domaines. Pour les trois secteurs traditionnels de l’économie bleue – la pêche et l’aquaculture, le tourisme côtier et continental, et le transport maritime –, nous souhaitons exploiter leur potentiel de croissance. Pour les deux autres secteurs – les ressources énergétiques et minérales, et la gouvernance –, tout est encore à construire et ils peuvent être très porteurs pour le continent.

Quels sont les résultats majeurs de ce projet de développement de l’économie bleue ?

Nous retenons surtout la mise en œuvre de stratégies nationales dédiées à l’économie bleue qui portent dans leur sillage un potentiel de création d’emplois, d’innovations ou encore de durabilité environnementale. Grâce à une étude financée par Expertise France pour l’UA, nous savons que plus de la moitié des 55 pays africains dispose désormais d’une stratégie nationale, contre seulement une quinzaine en 2021.

Le défi réside dans l’adaptation de la stratégie aux ressources naturelles et aux besoins spécifiques de chaque pays. Par exemple, les derniers pays ciblés sont enclavés et présentent donc des dynamiques différentes de celles des pays côtiers. Pour la Zambie, la stratégie se focalise sur la pêche en eau douce – notamment dans le fleuve Zambèze – et sur les ressources minérales sous-marines. Au Malawi, les ressources de pêche se trouvent dans le lac éponyme, qui présente également des opportunités en développement de transport. Quant à l’Eswatini, dernier exemple, le pays vise le développement des ressources énergétiques hydriques pour être plus indépendant vis-à-vis de l’Afrique du Sud voisine.

Par ailleurs, l’économie bleue peut offrir des opportunités pour améliorer l’accès des femmes à un emploi stable. Les femmes sont nombreuses à travailler dans la transformation et la distribution des produits de la mer. De plus en plus de femmes sur le continent s’engagent également dans la navigation fluviale. L’économie bleue constitue donc un catalyseur pour l’accès à l’emploi car la croissance et la structuration de ces secteurs visées vont créer de nouvelles perspectives professionnelles pérennes.

Comment l’UA appuie-t-elle ses États membres pour la mise en œuvre et le renforcement de leur stratégie en matière d’économie bleue ?

L’Union africaine est un organe de facilitation pour ses États membres. Nous les aidons à identifier les opportunités nationales et les domaines de développement de l’économie bleue afin qu’ils puissent pleinement exploiter leur potentiel.

L’approche que nous déployons se décline en plusieurs volets. Premièrement, les ressources humaines : l’objectif est qu’elles soient en adéquation avec les besoins spécifiques de l’économie bleue. Avec l’appui d’Expertise France, des initiatives en matière de renforcement des capacités et des formations sont développées en fonction des besoins locaux. Un autre volet important concerne l’amélioration des connaissances. Cela se traduit, par exemple, par des cartographies pour établir les stocks de poissons ou, en matière d’écotourisme, par l’identification des plans d’eau susceptibles d’accueillir des activités nautiques. Enfin, l’UA facilite aussi la mise en réseau et la coordination des partenaires pour assurer la cohérence des actions menées à l’échelle continentale.

Le recrutement prochain d’un·e consultant·e dédié au suivi du développement de l’économie bleue dans chaque pays nous permettra d’obtenir une vision globale de la mise en œuvre, de mesurer les progrès réalisés et de créer une émulation entre États.

En quoi l’opérationnalisation de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) constitue-t-elle une opportunité pour le développement de l’économie bleue ?

L’objectif de la ZLECAf est de stimuler le commerce international et intracontinental, essentiel pour débloquer le potentiel de l’économie bleue. Si chaque pays africain développait sa propre économie bleue sans perspective d’échange, nous nous dirigerions vers une impasse. Les conditions mises en œuvre par la ZLECAf favorisent la création de corridors d’échanges de produits issus de l’économie bleue, tant entre les États côtiers et les pays enclavés qu’en leur sein, dans une perspective de croissance inclusive du continent.

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