Réduire les risques de catastrophe pour limiter les coûts humains et financiers
Alors que les évènements liés au changement climatiques se multiplient, les coûts directs (impact sur les vies humaines et les biens matériels) et indirects (tels que la perte de productivité, l’impact sur la santé publique, le déplacement de populations, la perturbation des écosystèmes) des catastrophes dites « naturelles » sont en grande partie attribuable à la vulnérabilité croissante des systèmes, institutions et communautés.
Le rapport 6 du GIEC souligne un lien direct entre le renforcement des activités de prévention et de préparation aux catastrophes et le degré atténuation de l’impact des aléas naturels, ces premières permettant ainsi de rétablir plus rapidement pour les sociétés affectées un état viable, vivable et désirable.
Aucun pays n'est à l'abri des risques naturels, mais les pays en développement sont particulièrement exposés, absorbant jusqu'à 80% des pertes humaines et économiques causées par ces événements.
Le Cadre de Sendai pour la Réduction des Risques de Catastrophe 2015-2030, adopté par les Nations Unies, se définit comme un document stratégique afin de renforcer la résilience face aux catastrophes. Il repose sur quatre priorités fondamentales : (i) comprendre le risque ; (ii) renforcer la gouvernance ; (iii) investir dans la réduction des risques ; et (iv) améliorer la préparation. Ces axes sont les fondements des initiatives menées par Expertise France, dont le mandat d’intervention porte principalement sur les priorités i, ii et iii.
Comprendre les risques de catastrophe
La prévention des catastrophes repose essentiellement sur une connaissance approfondie des risques. La cartographie des risques constitue un outil fondamental permettant d'identifier les régions les plus vulnérables, en intégrant divers facteurs tels que les aléas naturels, l'exposition des populations et des infrastructures, ainsi que la vulnérabilité systémique, physique et humaine. Cette analyse détaillée est cruciale afin concevoir des politiques publiques adaptées et efficaces. Elle nécessite la participation active de tous les acteurs concernés — publics, privés et organisations de la société civile.
Depuis 2019 en Jordanie, Expertise France contribue sur financement de l’AFD à l’amélioration de la qualité du service public délivré par la Jordan Civil Defense au bénéfice de la population, hôte et réfugiée, résidant principalement dans le gouvernorat de Mafraq. La 1ère phase de ce projet a permis de renforcer les capacités de l’institution en matière de gestion des risques naturels et a contribué à institutionnaliser le Risk Assessment Office afin de produire des cartographies des risques (aléa, exposition, vulnérabilité) et que cela puisse appuyer les décisions en cas de crises sur le territoire jordanien. Une deuxième phase est en cours depuis janvier 2024 afin de capitaliser les acquis de la précédente phase.
Renforcer la gouvernance des risques de catastrophe pour mieux les gérer
Cette priorité souligne la nécessité de renforcer les mécanismes de gouvernance à tous les niveaux — local, national, régional et international — afin de gérer les risques de catastrophe de manière plus efficace et intégrée. Une gouvernance solide et collaborative permet non seulement de rationaliser les efforts entre les différentes parties prenantes, mais aussi d'assurer une réactivité accrue face aux défis posés par les catastrophes. En favorisant des approches intégrées et en mobilisant les ressources disponibles, il est possible de développer des systèmes de prévention et de gestion des risques qui protègent les communautés les plus vulnérables, et renforcent leur résilience face aux événements naturels.
Aux Philippines, Expertise France met en œuvre un appui technique en appui auprès du ministère de l'intérieur et des collectivités locales (DILG), afin de renforcer la capacité du DILG à organiser des programmes de formation sur l’analyse et la gestion des risques, soutenir l’élaboration d’une stratégie nationale et locale de renforcement des capacités en matière de réduction des risques de catastrophe, améliorer l’utilisation des fonds dédiés à la RRC et au changement climatique, promouvoir des approches sensibles au genre et inclusives dans les réponses locales aux catastrophes.
Améliorer la préparation pour une intervention efficace et pour « Faire et reconstruire mieux »
En renforçant les capacités locales, il est possible de significativement réduire les pertes humaines et matérielles. Les pays disposant de plans d'urgence peuvent diminuer les pertes économiques liées aux catastrophes jusqu'à 30 %. Pour ce faire, il est essentiel d’investir dans la formation des équipes de premiers secours, notamment les unités de protection civile, pour optimiser la gestion des crises. Parallèlement, promouvoir une culture du risque au sein des communautés est crucial et ce, en se basant sur les savoirs locaux. Cela implique une sensibilisation des populations aux risques auxquels elles sont confrontées et de les intégrer dans les processus de préparation et de réponses via notamment l’élaboration de cartes communautaires et de mécanismes de diffusion de la connaissance adaptés.
En Haïti, sur financement de l’AFD, l’agence appuie la structuration et le renforcement des capacités de la Protection Civile. L’accompagnement des services de l’Etat se traduit par une identification préalable des risques courants et particuliers auxquels le pays est exposé. Ces risques seront recensés dans des Schémas Départementaux d’Analyse et de Couverture des Risques (SDACR) et un accompagnement capacitaire sera proposé en conséquence. Le tissu communautaire ayant une place très importante en Haïti, Expertise France accompagne également les organisations de la société civile à travers la mise en place de partenariats et la formation de volontaires aux gestes de premiers secours.