Lutter contre les médicaments falsifiés en Afrique de l’Est et Centrale avec le Projet MEDISAFE

print
Afrique subsaharienne
La lutte contre les médicaments falsifiés demeure un défi crucial, particulièrement en Afrique où leur circulation illicite menace la sécurité et la santé publique. De 2018 à 2023, Expertise France a mis en œuvre le projet MEDISAFE, financé par l'Union Européenne, pour lutter contre ce fléau. À l'occasion de la Journée Mondiale de la Santé, cet article revient sur ce projet, ses objectifs, les leçons tirées et les avancées de cette approche globale et intégrée.

La falsification des médicaments constitue une menace grave pour la santé publique, avec des risques de traitement inefficace voire mortel pour les patients. Ce problème est particulièrement préoccupant dans les pays en développement. Les enjeux de qualité des médicaments sont exacerbés par un manque de consensus sur les définitions, un manque de technologie fiable et évolutive, une faiblesse des autorités régulatrices au niveau national et régional ainsi que des défaillances dans les réglementations et le contrôle de la fabrication, principalement en Chine et en Inde.

Pour répondre à cette menace, le projet MEDISAFE de l'Union européenne, mis en œuvre par Expertise France, vise à lutter contre les médicaments falsifiés dans 11 pays d'Afrique de l'Est et du Centre. Il s'appuie sur un consortium de 3  partenaires et une stratégie intégrée, alignée sur les recommandations de l'OMS. Ses objectifs incluent la prévention, la détection et la réponse à la falsification des médicaments, avec des mesures visant à garantir la qualité, la sécurité et la légalité des médicaments distribués. Ce projet s’intègre dans une « Initiative Equipe Europe » sur la fabrication et l'accès aux vaccins, aux médicaments et aux technologies de la santé en Afrique (TEI MAV+).

En six ans, des avancées tangibles et un bilan positif

Le projet a contribué à renforcer les compétences des professionnels dans les secteurs juridique, répressif et pharmaceutique, à renforcer les politiques existantes et à promouvoir la coopération nationale et régionale. Après six ans, le projet a atteint 96 % de ses objectifs initiaux.

Pour répondre à un besoin urgent, celui d’aider les pays à renforcer leurs cadres juridiques, le consortium a produit cinq documents clés :

  1. « Sécurité de la chaîne d'approvisionnement », créée avec la collaboration de 11 experts pharmaceutiques et des autorités de réglementation pharmaceutique des pays cibles ainsi que de l'Organisation mondiale de la santé,
  2. Le Manuel de référence sur la législation sur les produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés, rédigé en collaboration avec l'Union africaine (UA) et l'Agence de développement de l'Union africaine - Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique,
  3. Procédures opérationnelles normalisées (SOP) sur le renforcement du droit, le secteur et le conseil pour Interpol,
  4. Esquisses de 11 plans d'action nationaux contenant des recommandations sur l'application de la loi, les produits pharmaceutiques et la sensibilisation dans chaque pays concerné,
  5. Stratégie de communication dans la lutte contre les médicaments falsifiés et inférieurs aux normes,

Par ailleurs, plus de 270 institutions dans 11 pays d'Afrique centrale et de l'Est ont été sensibilisées à la prévention et à la lutte contre les médicaments falsifiés et de qualité inférieure. Et un pool de 22 experts nationaux a été créé au niveau régional  concernant l’aspect pharmaceutique et légal et plus de 15 experts internationaux ont été mobilisés dans différents domaines d'intervention.

Leçons apprises sur le terrain : prise en compte des questions de genre et utilisation des systèmes de communication

Selon des enquêtes menées dans différents pays, les femmes sont plus susceptibles de se retrouver face à des médicaments falsifiés dans les pharmacies de rue. En revanche, d'après Interpol, les hommes sont davantage exposés aux médicaments contrefaits lorsqu'ils achètent certains produits médicaux, notamment ceux destinés aux troubles sexuels.

En conclusion, bien que les formations initiales ciblent principalement les femmes, il est évident que les hommes devraient également être inclus dans ces ateliers.

Les systèmes de communication existent entre les différents secteurs, mais ils sont souvent sous-utilisés. La communication entre la police, les douanes et les organismes de réglementation pharmaceutique concernant les médicaments contrefaits est souvent inefficace.

Bien que le projet ait initialement prévu de concentrer ses efforts sur les canaux de communication régionaux, il est devenu évident qu'un soutien et une formation supplémentaires étaient nécessaires au niveau national.

En résumé, il est crucial de tester les hypothèses et d'ajuster les plans en fonction des enseignements tirés sur le terrain.

L’Union européenne prévoit de développer une deuxième phase du projet, afin de poursuivre le travail dans certains des 11 pays cibles initiaux, tout en étendant ses opérations à l'Afrique de l'Ouest en 2025 en utilisant le même modèle éprouvé.

   Pour plus d'informations, consultez le site MEDISAFE et la fiche projet.

Dernières publications