Climat : 2021 demeure une année cruciale pour revoir les engagements des pays en Afrique de l’Ouest

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Afrique subsaharienne
A travers la facilité Adapt’Action financée par l’AFD et le projet GCCA+ Afrique de l’Ouest, financé par l’Union européenne et mis en œuvre sous le portage politique de la CEDEAO en partenariat avec le CILSS, Expertise France appuie plusieurs Etats parmi les plus vulnérables de la région ouest-africaine dans la révision de leurs contributions déterminées au niveau national (CDN) – définies en 2015 en amont de la COP21, à Paris. Un processus clé pour préparer la COP26, qui aura lieu à Glasgow (Royaume-Uni) en novembre 2021.

Les pays signataires de l’Accord de Paris sur le climat avaient l’opportunité en 2020 de revoir leurs contributions déterminées au niveau national (CDN) pour rehausser leurs ambitions, mais aussi pour revisiter un processus fait en 2015 et ayant abouti à des engagements parfois peu robustes pour plusieurs pays en développement.

La COP26, repoussée en 2021 à cause de la crise sanitaire, sera celle dédiée à la communication sur ces premières révisions pour la plupart des CDN. Cependant, la Covid-19 a fortement contraint les processus de consultations auprès des parties prenantes, ce qui constituait initialement un axe important d’amélioration par rapport aux versions de 2015.

Expertise France appuie plusieurs Etats parmi les plus vulnérables de la région ouest-africaine dans la révision de leurs CDN, à travers deux projets : la facilité Adapt’Action, financée par l’AFD, et le projet GCCA + Afrique de l’Ouest, financé par l’Union européenne et mis en œuvre sous le portage politique de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en partenariat avec le Comité inter-État de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS).
 

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Révision des CDN : point de départ du processus de relèvement de l’ambition climatique

L’adoption de l’Accord de Paris oblige chaque Etat signataire à s’engager pour tenter de limiter le réchauffement climatique à +1,5°C d’ici 2100. Néanmoins, les engagements nationaux pris à travers les CDN en 2015 demeurent insuffisants pour tenir cet objectif.

Ainsi, la révision des CDN prévue initialement en 2020 offre l’occasion aux Etats de la région ouest-africaine de rehausser leurs engagements en définissant des objectifs climatiques sectoriels plus robustes et réalistes, adossés à des stratégies de mise en œuvre. Ces engagements seront de nouveau révisés dans 5 ans dans le cadre du cycle de l’ambition de l’Accord de Paris.

Leur mise en œuvre nécessitera, pour les pays en développement, une forte mobilisation des ressources financières internationales, tant le fossé entre les besoins et les capacités de financement dans les pays ouest-africains est important. Les CDN constituent une opportunité pour présenter ces besoins massifs de soutien financier et technique.

Le projet GCCA+ Afrique de l’Ouest mobilisé dans la révision des CDN

Les CDN sont essentielles pour atteindre les ambitions climatiques des pays signataires de l’Accord de Paris. Selon François Kouablan, directeur de cabinet au ministère de l’Environnement et du Développement durable de Côte d’Ivoire, les lacunes identifiées lors de la première soumission des CDN en 2015 – comme celles liées à « la non prise en compte de la foresterie dans les émissions, le manque de plan d’investissement et de système de suivi évaluation » – représentent autant de facteurs à intégrer dans les réflexions pour la révision des CDN actuellement en cours. De même, pour que le document soit réellement ambitieux, il doit tenir compte de l’intégration du genre, du secteur de la santé, des transports et de la gestion des déchets, etc. Ainsi, un nombre croissant de pays de la région ont déclaré vouloir intégrer des engagements sur le secteur de la foresterie et tous souhaitent apporter une attention particulière sur l’intégration des problématiques liées au genre.

A ce titre, le projet GCCA+ Afrique de l’Ouest a proposé en 2020 un décryptage des obligations des pays ouest-africains en tant que pays parties à l’Accord, grâce au guide de la CEDEAO sur l’Accord de Paris en vue de son application par ses Etats membres. Par ailleurs, le projet appuie de manière spécifique 4 pays (Guinée-Bissau, Togo, Libéria et Sierra Leone) dans la révision et la mise en œuvre de leurs engagements climatiques. Cet appui se traduit notamment par l’analyse des trajectoires d’émissions de gaz à effet de serre, l’estimation des coûts des mesures d’adaptation ou encore la traduction des engagements nationaux dans les plans de développement locaux.  

Le projet GCCA+ Afrique de l’Ouest soutient également la mise à jour et le renforcement de capacités pour la gestion des bases nationales de données climatiques en vue de leur utilisation pour la révision et la mise en œuvre des CDN. Au niveau régional, il accompagne la CEDEAO dans l’élaboration de sa stratégie régionale climat afin d’améliorer le niveau d’ambition climatique de ses États membres. 
 

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Un appui d'Adapt’Action en Côte d'Ivoire, au Ghana, au Niger, au Sénégal et en Guinée

Christophe Buffet on Twitter: "La Facilité Adapt'Action de l'AFD recrute  ses 5 Coordinateurs Régionaux (Afrique, Petites Antilles, Océan Indien)  https://t.co/ZyUHlpbUEd… https://t.co/TsVrt4M5bu"En mai 2017, l’Agence française de développement (AFD) a lancé Adapt’Action, facilité visant à accompagner les pays les plus vulnérables face au changement climatique dans la définition et l’adoption de trajectoires de développement bas carbone et résilientes au changement climatique. La maîtrise d’ouvrage de son axe 1, dédié à la consolidation de la gouvernance des Etats partenaires sur les enjeux climat, est assurée par Expertise France.

Au travers d’Adapt’Action, Expertise France appuie différents pays d’Afrique de l’Ouest dans la révision et l’opérationnalisation de leur CDN. Ainsi, en Côte d’Ivoire, Expertise France a été le premier partenaire à accompagner le gouvernement dans la formulation de la nouvelle version de sa CDN. Débuté à l’été 2019, l’appui d’Expertise France se concentre sur la section « adaptation » de cette stratégie, enjeu majeur, si ce n’est prioritaire, d’une large majorité des Etats ouest africains. De nombreux partenaires techniques et financiers – la GIZ, la FAO, le PNUD, ONU Environnement, la Banque africaine de développement, etc. – ont depuis rejoint Expertise France dans cet accompagnement des autorités ivoiriennes. La version finalisée de la stratégie est attendue pour mars 2021.

En parallèle, Expertise France a lancé en fin d’année 2020 la construction du cadre de suivi-évaluation de cette CDN. Tout en favorisant sa gestion et son contrôle de la bonne mise en œuvre des interventions prévues, ce mécanisme permettra au gouvernement ivoirien de pouvoir rendre compte à tout moment des réalisations passées et en cours.

Le Ghana, le Niger et le Sénégal bénéficient également d’un accompagnement d’Expertise France dans la construction d’un système de suivi-évaluation, toujours sous financement Adapt’Action, De même, un appui est apporté à la République de Guinée dans la coordination politique et technique autour des enjeux climat, notamment ceux liés à la CDN.
 

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Focus sur le processus de révision en Guinée-Bissau

La Guinée-Bissau fait partie des pays les plus vulnérables aux changements climatiques. Afin de rendre sa CDN plus robuste et réaliste, le projet GCCA+ Afrique de l’Ouest l’accompagne pour réaliser la collecte de données permettant d’établir le diagnostic initial en vue de la révision.

Cet appui permet d’actualiser la « situation de base » afin de construire les cibles de réductions d’émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation pour la période 2020-2030. Ceci constitue le point de départ pour revoir les engagements sur la base des données les plus fiables disponibles et pour préparer de meilleurs plans d’investissement et de mobilisation des financements.

Dans un objectif de pérennité, le projet GCCA+ Afrique de l’Ouest a également conduit un diagnostic des besoins en renforcement de capacités de la Guinée Bissau, nécessaire pour la mise en œuvre de la CDN et pour les prochains cycles de révision.

Ce diagnostic et la méthodologie proposée par le projet constitue le socle d’intervention pour les autres partenaires techniques comme le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), la Banque africaine de développement (BAD) qui accompagnent la Guinée Bissau dans le processus de révision, dans une approche de complémentarité des appuis des partenaires techniques et financiers.

 

Contribution déterminée au niveau national : qu’est-ce que c’est ?

La contribution déterminée au niveau national (CDN) est un instrument de l’Accord de Paris dans lequel chaque Etat signataire de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) consigne ses engagements de réduction des gaz à effet de serre et d’adaptation aux changements climatiques en démontrant qu’il s’agit du plus haut niveau d’ambition possible compte tenu des circonstances du pays. Le premier cycle d’amélioration des CDN démarre en 2020. Chaque cycle d’amélioration des CDN, ayant lieu tous les 5 ans, devra démontrer une ambition accrue.

Les Etats ayant signé l’Accord de Paris ont présenté, dès 2015, des CDN, parfois dans la précipitation, rendant les engagements à la fois insuffisants pour limiter le réchauffement à +2°C, mais aussi parfois peu réalistes et robustes. Les dispositions de l’Accord de Paris ont donc ouvert la possibilité à un processus de révision des engagements de 2015. Des CDN révisées et robustes devaient être produites en 2020 mais les bouleversements liés à la Covid-19 ont contraint l’agenda climatique dans les pays. Ainsi, seuls 45 pays ont soumis, à date, une CDN révisée. La plupart des 118 pays restants la publieront au cours du premier semestre 2021. Dans la région CEDEAO-CILSS, seul le Sénégal a publié, à date, sa CDN révisée. La majorité des autres Etats ouest-africains ont affiché leur volonté de déposer une CDN révisée en 2021.

 

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