Angola : former les techniciens de demain

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En Angola, le chômage des jeunes de 15 à 24 ans a été estimé à 52,5% en 2018. Afin de doter le pays d’une jeunesse qualifiée tout en favorisant son insertion professionnelle, le gouvernement angolais s’est donné pour priorité de réformer l’enseignement technique et la formation professionnelle, en coordination avec le secteur privé. Pour accompagner la mise en œuvre de cette réforme, l’Union européenne appuie financièrement la mise en œuvre du projet RETFOP. Un volet de ce projet est spécifiquement dédié à la formation professionnelle.

« En Angola, un peu plus de 50 000 jeunes sont formés dans les centres publics de formation professionnelle, tous niveaux confondus. Dans ce domaine, RETFOP cible les centres de formation de niveau 2 et 3, équivalent aux BEP/CAP en France, et qui sont gérés par le ministère de l’Administration publique, du Travail et de la Sécurité sociale », explique José da Costa, assistant technique pour le volet « formation professionnelle » de RETFOP.

Un enjeu : adapter le contenu des formations aux besoins du marché. « L’objectif est de mettre en place un système capable de recenser et d’analyser les besoins des entreprises, en lien avec les progrès technologiques de chaque filière – par exemple l’automobile, la construction, l’agroalimentaire... », poursuit José da Costa. « La diversification économique est l’une des priorités du gouvernement, la chute des prix du pétrole ayant fortement affecté l’économie angolaise dont les recettes proviennent à plus de 90% de l’industrie ministère », rappelle-t-il. RETFOP a donc réalisé une étude de base, qui a confirmé la liste des cinq secteurs économiquement les plus porteurs : agriculture, pêche, environnement/gestion de l’eau/gestion des déchets, santé animale, transport/logistique. Le secteur du tourisme a été rajouté au terme de l’étude de base conclue en 2019.

Redynamiser l’offre publique de formation, en lien avec les entreprises

Dans ces secteurs, il s’agit désormais de calibrer une offre de formation publique de qualité. « On constate un vrai décalage entre offre publique et offre privée : il existe 146 centres publics de formation professionnelle dans le pays, contre 650 pour le privé », explique José da Costa. Or, si certains centres privés fonctionnent bien, l’offre privée n’est pas toujours synonyme de qualité. Résultat : les entreprises doivent recourir à des expatriés, faute de main-d’œuvre qualifiée sur place.

L’enjeu est aussi de connecter la formation à l’entreprise pour améliorer l’employabilité des jeunes, via des formations professionnalisantes. Il s’agit notamment d’anticiper les fins de formation en encadrant la pratique des stages. José da Costa souligne qu’il est « crucial d’associer les entreprises, pour qui la formation est un investissement : elle leur permet de bénéficier d’une main d’œuvre opérationnelle par la suite ».

Douze métiers et six provinces pilotes

Parmi les 162 métiers identifiés dans les 5 secteurs, l’étude de base a sélectionné 12 métiers dont les curriculums seront revus de façon pilote. Dans ces domaines, RETFOP procédera à la formation de 120 formateurs, à la fois sur le plan technique et pédagogique. En complément, un centre de formation par province sera équipé pour la formation à l’un de ces 12 métiers. « RETFOP doit démontrer qu’avec des moyens financiers et matériels, de la formation et de la coordination interinstitutionnelle, nous sommes en mesure d’avoir des résultats », explique José da Costa. Cela permettra ensuite aux autorités d’envisager une extension de l’apprentissage de ces 12 métiers à d’autres centres de formation.

Pour mener à bien le projet, les experts mobilisés appuieront les institutions angolaises, dans une logique de renforcement de leurs capacités. « Cela impliquera un renforcement de la coordination entre le ministère de l’Education et celui du Travail – car, comme en France, enseignement technique et formation professionnelle sont deux systèmes gérés par des entités différentes », ajoute-t-il. En partenariat avec l’Institut Camões, qui assure la coordination globale de RETFOP, Expertise France mettra en œuvre les activités du volet formation professionnelle, les autres volets du projet étant centrés sur l’enseignement technique et la formation des cadres de la formation professionnelle et de l’enseignement technique au niveau national.
 

En savoir plus sur le projet RETFOP

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