Flux de financements climat en Afrique de l’Ouest : une cartographie pour renforcer l’accès à la finance climat

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Afrique subsaharienne
Elément incontournable pour la réalisation d’un développement résilient aux changements climatiques et sobre en carbone, l’accès aux financements climatiques est un enjeu d’envergure pour l’Afrique de l’Ouest. La CEDEAO, avec l’appui du projet GCCA+ Afrique de l’Ouest, a lancé un projet de cartographie des flux financiers climat afin de mutualiser les efforts d’accès à l’information pour ses Etats membres, et avec l’ambition de pouvoir optimiser l’orientation des flux. La première cartographie est désormais publiée et disponible en téléchargement dans cet article.

L’Afrique de l’Ouest : une croissance régulière des flux de finance climat, mais encore très loin de répondre aux besoins

Les flux financiers climat provenant des seuls fonds multilatéraux alloués aux pays de la zone CEDEAO-CILSS  entre 2003 et 2018 ont été estimés à environ 1,4 milliards de dollars, soit environ 23% des fonds multilatéraux climat qui circulaient dans le monde à cette période.

Quant au Fonds vert pour le climat, principal mécanisme financier de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), il a approuvé à lui seul 20 projets en Afrique de l’Ouest, soit environ 16% de son portefeuille global depuis 2015. En volume, ces 20 projets représentent un budget de 3,8 milliards de dollars (dont 80% pour des projets multi-pays), soit un peu plus de 18% du volume global investi à travers ce fonds (financement et cofinancement compris). Quarante-six projets supplémentaires vers la zone sont en cours d’instruction.

Ces volumes de financement restent toutefois très éloignés des besoins massifs exprimés par les 17 Etats de la région, qu'il s'agisse d'atténuation ou d'adaptation aux changements climatiques. En effet, à titre illustratif, les besoins de financement recensés dans les contributions déterminées au niveau national (CDN) de 2015, et ce uniquement en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre, représentent déjà un besoin financier de l’ordre de 340 milliards de dollars sur la période 2015-2030. Ainsi, malgré la progression des flux financiers climat à destination de la zone CEDEAO-CILSS ces dernières années, un effort considérable reste nécessaire pour tenter de se rapprocher des besoins exprimés.

Tracer et suivre les appuis financiers reçus : une obligation dans le cadre de l'Accord de Paris

Dans le cadre de l’Accord de Paris, le cadre de transparence défini dans le Livre des règles impose aux pays, dès 2024, de suivre et rapporter le soutien financier reçu pour la mise en œuvre de leur contribution déterminée au niveau national (CDN). Certains des 17 Etats de la zone CEDEAO-CILSS sont déjà en train de mettre en place ce suivi.

Cependant, les méthodologies de traçage – la caractérisation « climat » des projets, qui relève du choix stratégique et de la souveraineté de chaque pays – et les dispositifs de suivi sont disparates d'un État à l’autre, rendant la comparaison difficile. C’est par ailleurs sans compter avec une autre problématique: celle liée aux projets multi-pays, dont la "part" du financement revenant à chaque pays d'intervention n'est pas toujours facile à tracer.

Face à ces trois enjeux, le développement d’une méthodologie harmonisée et la coordination des efforts de suivi à l’échelle régionale constituent un enjeu de taille pour les Etats.

Le mandat régional de la CEDEAO : une première réponse à ces enjeux ?

De par son mandat, la CEDEAO contribue au suivi des flux de financements climat vers la région à travers différentes actions :

• en contribuant à l'harmonisation du cadre méthodologique du suivi de l'appui financier reçu et au renforcement de capacités des Etats qui en expriment le besoin, soit au travers d'échanges d'expériences dans la zone CEDEAO-CILSS, soit par de l'appui technique direct ;

• en proposant des informations complètes, exactes et mises à jour sur les ressources disponibles, de façon à mieux planifier et coordonner l’action au niveau national ;

• en participant au rééquilibrage des flux de financement climat dans la région, dans un principe de solidarité sur la base des informations collectées ;

• en œuvrant à la mise en place d’un cadre de transparence pour mieux suivre et évaluer les impacts réels des financements reçus.

En outre, la CEDEAO a développé des initiatives en appui à des secteurs fortement affectés par le changement climatique, tels que l'agriculture et l’alimentation. Elle peut aussi être un vecteur de cohérence et de complémentarité avec d'autres mécanismes financiers (climat ou non climat) déjà suivis. C’est d’ailleurs dans ce cadre que la Banque d’investissement de développement de la CEDEAO (BIDC) a initié son processus d’accréditation au Fonds vert pour le climat.

Une cartographie pour fournir des informations complètes, exactes et mises à jour sur les ressources financières disponibles

La CEDEAO a initié, avec l’appui technique du projet GCCA+ Afrique de l’Ouest, un processus avec les 17 Etats de la zone CEDEAO-CILSS pour institutionnaliser un suivi régulier des flux de finance climat vers la région.

Ce chantier de longue haleine prend forme avec une première cartographie dont le résultat, salué par tous les pays de la zone, met en évidence le besoin d’inscrire cette dynamique d’analyse des flux financiers dans la durée. 

Lancé le 17 septembre 2020 lors d’un atelier régional, l’objectif de ce chantier est de fournir régulièrement des informations complètes, exactes et mises à jour sur les ressources disponibles pour financer l’action climat. Cet outil est conçu pour être utile à plusieurs types d’acteurs, et ainsi permettre :

• aux décideurs, de déterminer les performances en matière de mobilisation de ressources, mais aussi les faiblesses à corriger à différents niveaux, favoriser les partenariats et partages d’expérience ; et d’avoir une base objective pour rendre compte de l’appui financier nécessaire et reçu pour respecter leurs engagements pris dans le cadre international de coopération sur le climat ;

• aux institutions régionales, de mieux orienter et coordonner leurs appuis aux pays sur la base des faiblesses identifiées ;

• aux « acteurs de transparence », d’avoir accès à l’information sur les ressources mobilisées et leur destination ;

• aux chercheurs travaillant sur les financements climat, d’avoir une perspective régionale sur les besoins et les défis.

Suite à cet atelier, un comité ad-hoc de travail a été créé. Piloté sous l’égide de la CEDEAO avec l’appui technique du projet GCA+ AO, ce comité aura la tâche de développer l’approche méthodologique du suivi régional des flux financiers climat de manière à l’institutionnaliser dans la durée.

 

Téléchargez la première cartographie des flux financiers climat vers la zone CEDEAO-CILSS, soumis au Secrétariat de la CCNUCC

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