« La CS-REF, une structure très importante pour garantir l’existence même de l’Etat centrafricain »
Quelles sont les exigences auxquelles vous êtes confrontées au quotidien ?
Les exigences sont liées à la nature même des missions confiées à la CS-REF. Celles-ci s’inscrivent dans le cadre multidisciplinaire des réformes structurelles : masse salariale, fonction publique, administration fiscale et douanière, mines, forêts, etc. Cela nécessite souplesse et adaptation.
Une autre contrainte est liée à l’environnement difficile dans lequel nous évoluons. Les derniers événements qui ont secoué la Centrafrique ont réduit les capacités de l’Etat et des services publics. Par exemple, nous ne disposons pas toujours d’informations statistiques fiables pour asseoir des décisions et assurer un pilotage des réformes le plus précis possible.
Une autre difficulté rencontrée par la CS-REF concerne le suivi des programmes d’appui budgétaire : ce suivi nécessite d’être au plus près des services concernés pour évaluer les réalisations par rapport aux engagements pris.
Enfin, devant l’urgence et les difficultés de la situation financière de l’Etat, la CS-REF est confrontée à une obligation de résultat pour développer l’aide budgétaire, maîtriser les dépenses et remobiliser les recettes.
Quelles sont les principales priorités de la CS-REF en matière de réformes ?
La priorité n°1 porte sur la mobilisation des ressources internes car nous ne pouvons pas compter indéfiniment sur les appuis budgétaires de nos partenaires économiques et financiers pour permettre à l’Etat de vivre. Par exemple, les recettes fiscales et douanières ne représentent aujourd’hui que 7% du PIB du pays. Nous avons pris récemment l’engagement d’atteindre progressivement les 14% du PIB, ce qui permettrait déjà de couvrir les dépenses incompressibles de l’Etat.
Comment parvenir à ce résultat ? Dans le cadre du PURSeP, le plan d’action prévoit de renforcer l’administration fiscale et douanière par des mesures techniques (agir sur les taux, l’assiette, etc.) et la rationalisation des exonérations.
« La finance publique est au cœur des fonctions de base d’un Etat »
Pour résumer, il convient de gérer au mieux l’existant, d’optimiser les faibles ressources disponibles et de fiabiliser l’exécution budgétaire par une comptabilité renforcée. C’est tout l’enjeu, par exemple, de la mise en place de l’Agence Comptable Centrale du Trésor (ACCT).
Quelle est votre vision de la réforme en cours au sein de l’administration centrafricaine ?
Les réformes économiques et financières en cours sont essentielles. Après de multiples crises qui ont miné le développement du pays, tout est à reconstruire. Pour lever l’impôt, il faut développer l’activité économique : agriculture, élevage, mines, forêts, etc.
« Des réformes audacieuses sont nécessaires pour produire
des résultats visibles pour la population »
On ne peut plus se dérober si la Centrafrique veut exister en tant qu’Etat. Le développement économique est un préalable absolu. Une des premières missions d’un Etat est d’assurer la sécurité, la justice et les services publics de base comme, par exemple, la santé et l’éducation. Pour cela, il faut des ressources bien gérées. La finance publique est au cœur des fonctions de base d’un Etat.
Un mot de conclusion ?
La CS-REF est une structure très importante pour garantir l’existence même de l’Etat centrafricain. Le suivi des réformes est une tâche très difficile mais nous sommes mobilisés. Des réformes audacieuses sont nécessaires pour produire des résultats visibles pour la population.
Tout cela a un coût. C’est pourquoi, pour développer les recettes de l’Etat, il faut continuer à mobiliser les régies fiscales et attirer les aides budgétaires pour sortir ce pays définitivement de la crise.