L’importance de la communication dans le domaine des statistiques

L’art de faire parler les chiffres

En règle générale, les statisticiens ne savent pas communiquer sur les chiffres qu’ils produisent. Ils sont formés pour produire des statistiques de qualité, mais rarement pour les diffuser ou communiquer à leur sujet. En face, les utilisateurs, notamment les journalistes, ne sont pas tous à l’aise avec les chiffres et n’ont pas forcément appris au cours de leurs études à manier les statistiques.

Thierry Paccoud, responsable d’équipe du projet de coopération statistique MEDSTAT IV dans la région de la politique de voisinage sud de l'Union européenne (PEV-SUD), explique :

« Rendre les données statistiques plus lisibles pour les utilisateurs est un objectif que partagent depuis déjà plusieurs années l’ensemble des bureaux de statistiques des pays MED. Tout le monde a conscience qu’il faut investir dans l’amélioration de la présentation et de la lisibilité des données, notamment pour mieux répondre aux attentes de la nouvelle génération en termes de communication, mais aussi pour s’adapter à l’accélération et au changement des schémas de consommation de l’information en général et des statistiques en particulier. Or, porter davantage de soin à la présentation des données peut se révéler un défi dans un domaine où la priorité a toujours été accordée à la production. Ce changement de mentalités et de pratiques est un chantier au long cours, qui peut s’avérer coûteux en termes de développement technologique et de renforcement des capacités humaines. »

Statisticiens et journalistes : mieux se comprendre pour mieux s’entendre

L’établissement de meilleures relations avec les journalistes est un objectif partagé par tous les bureaux de statistiques, non seulement pour garantir une meilleure interprétation des données produites et diffusées, mais aussi pour mettre en place des réseaux solides permettant des échanges plus réguliers et constructifs.

Tout en restant dans leurs rôles respectifs, statisticiens et utilisateurs de données doivent s'investir en faveur d’une compréhension mutuelle fructueuse sur des questions cruciales telles que la façon dont sont produites les statistiques et la façon dont elles peuvent contribuer au débat public.
 

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Dans le cadre du projet MEDSTAT IV, une attention particulière a été accordée au rapprochement entre statisticiens et journalistes. Ce projet a permis le développement d’un programme de formation mixte appelé Communication4Statistics (C4S), ainsi que le lancement d’autres initiatives axées sur le renforcement des capacités et des processus en matière de visualisation des données ou relatives à la production d’un guide sur la création d’infographies.

L’utilité des actions menées dans le cadre du projet statistique régional MEDSTAT IV en matière de visibilité des statistiques et de relations avec les utilisateurs fait l’objet d’un large consensus. L’initiative de formation C4S a notamment fait ressortir le vif intérêt de la communauté journalistique pour ce type d’échanges avec les statisticiens.
 

En savoir plus sur MEDSTAT IV

L’efficacité de la communication est une question centrale pour l’avenir des statistiques publiques, à l’heure où la concurrence avec d’autres sources d’information va continuer de s’intensifier. Les formations et le renforcement des capacités mis en place, en particulier au travers de projets de coopération régionale européens, sont essentiels pour répondre dûment et efficacement à ces nouveaux enjeux. L’approche régionale contribue par ailleurs à donner une dimension concrète au partage d’expériences et de pratiques.

Les synergies relatives à l’utilisation de ce savoir-faire particulier à des fins de formation et de renforcement des capacités dans les pays MED pourraient également profiter à d’autres régions, telles que l’Afrique ou la politique de voisinage Est (PEV-Est), où des projets de coopération statistique régionale sont en ce moment en cours.

L'avis de notre experte

Nibal Mohamad Ahmad Thawabteh est directrice du Centre de développement des médias de l’université Birzeit en Palestine. Lauréate en 2008 du Prix international de la femme de courage du département d’État américain, elle a publié plusieurs travaux sur les médias, dont un manuel sur les médias, les élections et les femmes et une étude sur la liberté d’expression et d’opinion en Palestine. Auteure de nombreux articles en arabe et en anglais, elle est une formatrice reconnue dans son pays et à travers le monde arabe dans le domaine des médias et du journalisme.
 

Pourquoi n’a-t-on de cesse de répéter que statisticiens et médias ne sont pas sur la même longueur d’ondes ?

Je pense qu’il y a plusieurs explications à cela. Tout d’abord, le journalisme et les médias relèvent du domaine des sciences humaines, lesquelles ont tendance à s’écarter quelque peu des montants et des chiffres. En outre, très peu d’universités et d’institutions médiatiques prêtent suffisamment d’attention à cette science bien particulière que sont les « statistiques ». En Palestine et dans les pays de la région de la PEV-Sud, enfin, le journalisme économique ne fait pas l’objet d’un enseignement spécifique qui permettrait de rapprocher ces deux mondes.

Je suis convaincue que les journalistes de la région devraient approfondir leur compréhension des statistiques, afin que les citoyens en acquièrent à leur tour une meilleure connaissance et puissent ainsi améliorer leurs vies. Parallèlement, je pense que les statisticiens devraient chercher à mieux comprendre le rôle des médias et s’efforcer d’améliorer la façon dont ils communiquent leurs messages, en visant plus de concision et de clarté.
 

En quoi le projet statistique régional MEDSTAT IV a-t-il répondu à ce besoin spécifique ?

Ce projet s’est matérialisé par le développement d’un programme de formation mixte unique, baptisé Communication4Statistics (C4S). S’adressant à la fois à des journalistes et à des statisticiens, ce programme de formation a permis de créer des passerelles et d’analyser les obstacles entravant l’efficacité de la communication entre ces deux catégories de professionnels. Il a facilité la mise au point de solutions pratiques à leurs problèmes de communication et a renforcé la capacité des participants à formuler des messages plus clairs et à rédiger des communiqués de presse plus accessibles. Ce programme a également permis d’affûter leur capacité à comprendre les questions, à formuler des réponses concises et à maîtriser leur langage corporel dans le cadre d’entretiens télévisés.

Nos projets

Nos projets de coopération sont la preuve que la coopération internationale peut être un outil réellement efficace au service de l’amélioration de la communication en matière de statistiques publiques.
 

Tribune : « La statistique officielle est un bien public qui appartient à tous »

Expertise France, s’appuyant sur sa vaste expérience en matière d’assistance statistique et sur son réseau diversifié d’experts, est activement engagée en faveur de la réalisation de cet objectif. Nous contribuons à cet effort mondial de la communauté statistique dans le cadre d’une intense collaboration avec l’INSEE et avec les bureaux de statistiques d’autres pays de l’Union européenne.

Nos projets de coopération régionale sont financés par la Commission européenne et mis en œuvre en coordination étroite avec Eurostat.

 

En savoir plus sur Expertise France et les statistiques

Découvrez l’Institut national français de la statistique sur www.insee.fr