Suivi des objectifs de développement durable (ODD) : quels enjeux pour les statistiques officielles ?

Depuis l’adoption en septembre 2015 par l'Assemblée générale des Nations Unies du Programme 2030, les progrès réalisés au regard des 17 objectifs de développement durable (ODD) et de leurs cibles spécifiques font l’objet d’un suivi à l'horizon 2030 au moyen de 232 indicateurs statistiques. Si les 169 cibles traduisent la visée des actions engagées et les résultats escomptés, les statistiques permettent, elles, de mesurer les progrès réalisés au regard de ces cibles.

La production de statistiques officielles à la loupe

Le Programme de développement durable à l'horizon 2030 représente le plus grand défi jamais posé à la communauté statistique internationale. Cela concerne en particulier la production de statistiques officielles : chaque pays a la responsabilité de produire des statistiques de qualité et d’en rendre compte aux Nations Unies. Il existe donc un intérêt mondial pour les statistiques officielles et pour cette évaluation chiffrée de nos vies et de notre bien-être. 

Ces données peuvent être considérées comme un bien public, dans la mesure où elles informent les citoyens au sujet de la société et de l’impact des politiques publiques mises en œuvre par les gouvernements. Elles éclairent également les responsables et décideurs politiques quant à l’état de la société. Les statistiques officielles permettent tout simplement d’attester de l’état actuel de notre monde. La qualité et l’exactitude des informations fournies revêtent donc une importance cruciale.
 

Tribune : « La statistique officielle est un bien public qui appartient à tous »

Les 232 indicateurs de suivi du Programme 2030 reposent entièrement sur les informations fournies par les systèmes statistiques nationaux. Un système statistique national est composé d’un bureau de statistiques et de ministères sectoriels (transports, agriculture…), qui sont également reconnus comme producteurs de statistiques officielles. Chaque pays est doté d’une organisation statistique qui lui est propre. De même, le nombre de producteurs officiels de statistiques peut varier d’un pays à l’autre : l’Estonie, par exemple, n’en compte que deux – le bureau national des statistiques et la Banque centrale –, tandis que Chypre en dénombre 17.

À l’heure de produire des indicateurs, les systèmes statistiques confrontés à deux grandes difficultés

Coordination

La feuille de route de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe relative aux statistiques pour les ODD identifie les bureaux nationaux des statistiques comme points névralgiques de ce travail de remontée d’informations.

Bien que clairement défini, ce rôle central au sein des systèmes nationaux n’est pourtant pas unanimement rempli par tous les acteurs concernés. En effet, le suivi des ODD nécessite que les pays déterminent au préalable les organes officiels responsables de la production de chaque indicateur. Quelles données doivent être collectées, par qui, à quelle fréquence, comment ces données seront-elles exploitées… autant de questions essentielles qui doivent être tranchées dès le départ. Les systèmes statistiques nationaux peuvent être complexes, et il n’est pas systématique que la majorité des informations demandées soit fournie par le bureau national des statistiques.

Ressources

Cet enjeu mondial concerne en particulier les pays et systèmes statistiques disposant de ressources financières et humaines limitées pour la production de statistiques officielles. Leur production demeure coûteuse (recensements de population, recensements agricoles, compilation de données, etc.) et tributaire des fonds publics disponibles.

Face à de telles difficultés, réaliser des progrès n’est évidemment par chose aisée. Relever l’enjeu mondial des statistiques dans un contexte de ressources limitées nécessite notamment d'intégrer différents aspects (financement, assistance technique, plateformes de partage d’expérience) et d’en promouvoir l’adaptation aux conditions locales.

La diffusion d’indicateurs fiables et comparables est une tâche complexe, qui ne peut être menée à bien que par la mise en commun d’expériences acquises dans les pays et par une coordination efficace entre partenaires.

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L’avis de notre experte

Spécialiste des statistiques sociales et des questions de démographie appliquées aux politiques sociales, de statistiques migratoires et de marché du travail, Gereltuya a été directrice du département de recensement de population et d’enquêtes du Bureau national des statistiques de Mongolie. Elle a activement contribué à l’élaboration des directives méthodologiques portant sur l’évaluation des indicateurs pertinents pour les ODD, notamment en matière de travail des femmes, de migration et de santé reproductive.

En quoi un projet de coopération régionale tel que le projet « Statistiques pour le partenariat oriental » (STEP) représente-t-il pour les pays concernés une chance unique en matière de statistiques ?

Le projet STEP cible six pays du voisinage oriental de l’Union européenne (Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Géorgie, Moldavie et Ukraine) confrontés à des enjeux comparables en matière de production de statistiques relatives aux ODD et à leurs cibles. Comme ils appartiennent à la même région, ces pays peuvent avoir une langue en commun (par exemple le russe) ou faire face à des problèmes sociaux, économiques et environnementaux semblables. Ainsi, des projets de coopération régionale tels que STEP peuvent encourager les pays à apprendre les uns des autres, grâce à la pression des pairs, à l’organisation de réunions de consultation à des fins de partage d’expériences et de bonnes pratiques, ou encore au partage de méthodes et de documents.

Comment la coopération statistique peut-elle aider un pays à répondre à cet enjeu mondial ?

La coopération statistique régionale permettra d’améliorer simultanément dans plusieurs pays la production de statistiques relatives aux ODD. Il a été prouvé que les projets s’inscrivant dans une approche régionale pouvaient sensiblement améliorer la coordination entre producteurs d’informations statistiques et renforcer la collaboration au sein de leurs secteurs d’activité respectifs, dans un pays donné et la région dans son ensemble.

En savoir plus sur le projet STEP

Nos projets

Nos projets de coopération sont la preuve que la coopération internationale peut être un outil réellement efficace au service de l’amélioration de la communication en matière de statistiques publiques.

Expertise France, s’appuyant sur sa vaste expérience en matière d’assistance statistique et sur son réseau diversifié d’experts, est activement engagée en faveur de la réalisation de cet objectif. Nous contribuons à cet effort mondial de la communauté statistique dans le cadre d’une intense collaboration avec l’INSEE et avec les bureaux de statistiques d’autres pays de l’Union européenne.

Nos projets de coopération régionale sont financés par la Commission européenne et mis en œuvre en coordination étroite avec Eurostat.

 

En savoir plus sur Expertise France et les statistiques

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