« Fondé sur l’échange entre pairs, SOCIEUX+ est un instrument de coopération flexible, réactif et simple »

Quels sont les défis pour la protection sociale dans le monde aujourd’hui ?

Gian Luca Portacolone – Le premier défi est de fournir à l’ensemble des populations les garanties élémentaires de sécurité sociale, pour prévenir et réduire la pauvreté, la vulnérabilité et l’exclusion sociale. SOCIEUX+ est en mesure d’apporter un appui sur l’ensemble des « socles de protection sociale » identifiés par l’Organisation internationale du travail (OIT) en 2012 (éducation, santé, etc.). L’extension de la protection sociale est l’autre grand défi. La couverture est encore trop faible dans certains pays. C’est notamment lié à l’importance du travail informel, par exemple en Afrique ou en Amérique latine.

Xavier Coyer – La couverture sociale doit aussi s’adapter aux besoins de certaines populations vulnérables. C’est pour cela que SOCIEUX+ s’intéresse à des groupes cibles comme les personnes en situation de handicap, aux personnes âgées ou encore aux enfants.

Quelle réponse y apporte SOCIEUX+ ?

Gian Luca Portacolone – SOCIEUX+ est conçu pour répondre à un besoin structurel : renforcer les capacités institutionnelles, organisationnelles et individuelles des institutions de protection sociale, pour que chacune soit en mesure d’assurer ses missions.

Xavier Coyer – Nous intervenons surtout sur deux plans : le renforcement de leur gouvernance et de leurs processus internes (ressources humaines, gestion financière, etc.) ; et le développement de leurs systèmes d’information. Ces derniers sont devenus un outil incontournable pour gérer les systèmes de protection sociale (retraites, assurance maladie…).

SOCIEUX+ est une facilité : qu’est-ce que cela signifie ?

Gian Luca Portacolone – SOCIEUX+ n’a pas de programme prédéfini : on intervient à la demande. C’est en cela qu’il s’agit d’une « facilité » d’expertise : une institution de protection sociale ou un partenaire social (syndicat, mutuelle…) d’un pays éligible nous sollicite lorsqu’ils ont identifié un besoin d’appui sur un sujet spécifique.

Xavier Coyer – Nous échangeons ensuite avec eux pour préciser le besoin et définir les modalités de l’assistance technique. En Côte d’Ivoire par exemple, nous avons reçu trois requêtes de la même institution. Les mener à bien simultanément avec la même institution représentait un risque en termes d’absorption de l’assistance technique. En dialoguant avec l’institution, on a construit un projet qui pouvait y répondre aux besoins en deux actions.

Que se passe-t-il une fois la requête acceptée ?

Gian Luca Portacolone – Chaque requête est un projet en soi : il comprend de 2 à 4 activités, pour la mise en œuvre desquelles un certain nombre de jours d’expertise sont mobilisés, à travers plusieurs missions de court terme.

Xavier Coyer – On organise un plan de travail cohérent, souvent progressif. Dans le cas de la Côte d’Ivoire mentionné précédemment, notre appui part du diagnostic pour aller jusqu’à la formulation de la stratégie nationale de développement de la protection sociale sur les deux sujets retenus, assistance sociale et sécurité sociale.

Quelle expertise mobilisez-vous ?

Xavier Coyer – SOCIEUX+ mobilise essentiellement de l’expertise publique issue des Etats membres de l’Union européenne. Nous cherchons des praticiens, des gens en activité dans le domaine de la protection sociale. Grâce à nos points focaux dans différentes institutions, nous avons un panel assez large d’experts que nous pouvons mobiliser. Cela marche très bien avec des pays aux systèmes de protection sociale anciens – Espagne, France, Belgique, Allemagne… Mais aussi avec l’expertise de pays comme la Lituanie ou l’Estonie, dont l'expérience de la transition vers une économie de marché peut être très intéressante pour certaines institutions partenaires.

Gian Luca Portacolone – Il faut souligner que SOCIEUX+ est fondée sur l’échange entre pairs, c’est-à-dire entre personnes qui ont le même cœur de métier, qui parlent le même langage professionnel. C’est notre rôle d’identifier la personne dans une institution européenne qui va être la plus pertinente pour appuyer son homologue. Avec SOCIEUX, il y a un continuum entre l’assistance technique – c’est-à-dire un transfert de connaissances – et l’échange entre pairs – qui lance un dialogue entre pays sur des défis communs.

Quel bilan faites-vous de SOCIEUX+ à ce stade ?

Gian Luca Portacolone – L’intérêt de SOCIEUX+, c’est d’être flexible, réactif et simple. Nous nous adaptons vraiment aux demandes formulées. Notre appui peut donc consister à réaliser un état des lieux, comme à formuler des recommandations beaucoup plus détaillées pour une réforme législative ou sa mise en œuvre, le tout en fonction de l’étape à laquelle en est le pays dans la mise en place d’un système de protection sociale.

Xavier Coyer – SOCIEUX+ rencontre un véritable succès : depuis le lancement de la première phase de SOCIEUX, nous avons géré plus de 150 requêtes et les évaluations sont positives. Nous recevons un nombre croissant de demandes, nos partenaires se diversifient. L’intérêt, c’est aussi que nous pouvons intervenir en complémentarité d’autres acteurs de la coopération internationale (GIZ, AFD…), qui nous sollicitent ponctuellement.

Comment voyez-vous l’avenir de SOCIEUX+ ?

Xavier Coyer – L’une de nos priorités, c’est d’aller au-delà de nos actions concrètes et « techniques » pour contribuer plus largement à la réflexion globale en matière de protection sociale. Sur les retraites, l’accès universel à la santé, etc., les pratiques développées dans le cadre de SOCIEUX+ peuvent avoir un intérêt dans beaucoup de pays. En 2018-2019, SOCIEUX+ a notamment organisé des rencontres régionales, à Mexico, Addis-Abeba et Bangkok : elles ont rassemblé des experts et des organismes ayant collaboré avec SOCIEUX+ afin de tirer des leçons sur ce qui a été fait.

Gian Luca Portacolone – Nous cherchons aussi de plus en plus systématiquement à intégrer des questions transversales à nos activités, par exemple celle de l’égalité de genre qui est très liée aux politiques sociales, mais aussi l’environnement, la lutte contre les inégalités… Les 18 et 19 juin, nous serons présents aux Journées européennes du développement sur la question des inégalités. Initialement, la mise en place d’une couverture sociale répondait à un besoin de lutter contre la pauvreté. Progressivement, on évolue aussi vers la prise en compte des inégalités en s’intéressant aux effets redistributifs des politiques sociales.

 

Meet the speakers! We are glad to announce the speakers for our session at #EDD19 ➝ https://t.co/Zp9jDEA01z

Alexander Pick @OECD_Centre, Gladys Valero @IPESBogota, Dharendra Wardhana #BAPPENAS, Koen Vleminckx @SPFsecu, Teresa Munzi @lisdata, Audrey Le Guével @ILOBrussels pic.twitter.com/Z1ztBq2HSj

— SOCIEUX+ (@SOCIEUXplus) 5 juin 2019

 

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