Une perspective régionale en statistique : « no one left behind » !

print
Expertise France est impliquée dans la mise en œuvre de plusieurs projets régionaux en statistique, en Afrique, avec les pays de l’ASEAN, avec les pays du voisinage Sud et du voisinage Est de l’Union européenne. Parmi les leçons tirées par l’agence : l’approche régionale profite à l’ensemble du groupe et pas seulement aux plus développés.

L’émulation au sein d’un projet régional est tout d’abord un vecteur puissant de diffusion des bonnes pratiques, d’amélioration de la production statistique et d’harmonisation des données produites. Tous les pays de la région profitent de ces effets positifs.

Pour les pays les moins développés, la coopération avec d’autres pays, dans un cadre structuré, leur permet d’accéder à des outils et des pratiques qu’ils n’auraient pas eu la capacité de développer par eux-mêmes et de manière isolée. Le partage d’information et d’expériences permet d’identifier des bonnes pratiques, qui ont ensuite vocation à être répliquées.

Pour les pays les plus développés du groupe, le bénéfice de la coopération régionale se matérialise d’abord par un travail d’introspection. Elle peut mener à repenser certaines approches et à les réajuster le cas échéant. Il y a ensuite la possibilité d’ouvrir plus ses activités vers une coopération Sud/Sud et ainsi d’enrichir la panoplie de ses savoir-faire.

Vers une harmonisation régionale des méthodes et des pratiques

La perspective régionale permet aussi de mettre en place une collaboration technique effective et ainsi de s’engager dans travail en commun d’harmonisation des méthodes et des pratiques.

Certains domaines statistiques sont bien couverts par les efforts de standardisation internationale : il s’agit alors d’aider le groupe à les appliquer le mieux possible, l’échange entre pays permettant de partager des solutions. En ces périodes de restrictions budgétaires, il est aussi plus facile de mobiliser des soutiens extérieurs de qualité en groupe qu’individuellement. D’autres domaines sont moins bien couverts par la standardisation internationale : dès lors, comparer les situations de chacun et mettre en commun les solutions  permet souvent de progresser en termes d’harmonisation, d’abord au sein du groupe, puis de manière plus large. Cette harmonisation régionale se décline ensuite au niveau national et permet de progresser localement.

Une forte valeur ajoutée sur des sujets innovants et complexes

Sur des sujets statistiques innovants et complexes, comme par exemple la mesure des objectifs du développement durable (ODD), les pays du Sud n’ont pas tous les capacités, techniques et humaines, de déployer un appareillage statistique pertinent et pérenne. L’intérêt spécifique de certains pays pour ces sujets novateurs s’est pourtant traduit par le développement d’une compétence technique et pratique. La coopération régionale permet de faire jouer à ces pays un rôle d’entrainement pour le groupe, la compétence acquise étant partagée, voire démultipliée.
 

A lire aussi : Suivi des ODD : quels enjeux pour les statistiques officielles ?


La visualisation des données est certainement aussi un domaine où la coopération régionale peut beaucoup amener : adapter les modes de diffusion et de communication des données aux nouveaux modes de consommation de l’information, en particulier au développement rapide du rôle des médias sociaux, demande des compétences qui ne sont pas naturellement présentes dans les offices statistiques. Intégrer ces compétences a un coût, tant en termes financiers qu’en termes d’organisation interne des offices statistiques. Partager les investissements et mettre en commun les compétences sont des modalités parfaitement adaptées à la coopération régionale.

Un outil… parmi d’autres

Il ne faudrait pourtant pas penser que la coopération régionale peut répondre et guérir tous les maux de la statistique au Sud. Elle n’est qu’un outil dans une panoplie plus large, incluant en particulier la coopération et l’assistance technique bilatérales, dont il faut déployer les éléments de manière complémentaire. C’est à ce prix qu’il sera possible d’appuyer la statistique au Sud de manière efficace et soutenable.
 

L'avis de notre expert


Paul-Henri NGUEMA MEYE est ingénieur de statistique. Il a été recruté en 2013 au poste de directeur général adjoint d’AFRISTAT, l’observatoire économique et statistique d'Afrique subsaharienne. Paul-Henri a vu le Conseil des ministres d’AFRISTAT lui renouveler sa confiance et le nommer comme le prochain directeur général de l’Observatoire dès janvier 2020.

 

Quelles sont les principales avancées des systèmes statistiques des pays membres d’AFRISTAT depuis le démarrage de ses activités opérationnelles en 1996 ?

Les Etats membres d’AFRISTAT ont amélioré leurs systèmes statistiques nationaux au fil du temps. Cela  peut se voir à travers une appréciation régulière de la qualité et de la disponibilité des informations statistiques clés dans des domaines qui constituent le fonds de commerce d’AFRISTAT : statistiques des prix, comptabilité nationale, conjoncture, statistiques d’entreprises, enquêtes auprès des ménages et gouvernance statistique. Le développement des statistiques nationales et leur harmonisation a permis d’accompagner l’intégration économique sous-régionale et régionale. Aussi, les Etats membres ont étendu le champ thématique de leur production statistique avec la prise en charge de thèmes émergents comme le genre, la gouvernance, la paix et la sécurité, l’environnement et le changement climatique.

Pour obtenir ces résultats, AFRISTAT est intervenu à la fois sur les plans organisationnel, technique et financier. Au niveau organisationnel, les efforts ont porté sur la planification stratégique et la gestion axée sur les résultats, ainsi que sur la modernisation des cadres institutionnels. Aujourd’hui, les Etats membres disposent, dans leur grande majorité, d’une stratégie nationale de développement statistique et d’une loi statistique récente, ce qui établit un cadre propice de travail. Sur le plan technique, AFRISTAT a contribué à la qualité de la production statistique de ses Etats membres en mettant à leur disposition des documents méthodologiques adaptés, en développant des outils de travail transparents et conviviaux et en renforçant les capacités techniques des cadres nationaux.
 

Ces progrès que vous avez cités auraient-ils été possibles sans AFRISTAT ?

Les pays auraient certainement enregistré des progrès même si AFRISTAT n’existait pas. En revanche, ces progrès auraient été bien en deçà des niveaux atteints aujourd’hui et ceci à cause de trois facteurs principaux :

 • La régularité des appuis d’AFRISTAT dans tous ses domaines d’intervention a permis d’éviter des interruptions dans la production statistique malgré la forte mobilité du personnel dans plusieurs pays,

 • AFRISTAT est une organisation qui a la statistique comme unique champ d’intervention : elle a donc un rôle très mobilisateur en matière de coordination de la statistique dans la région,

 • AFRISTAT a réussi à rompre l’isolement dans lequel les systèmes statistiques nationaux se trouvaient. Le réseau actif des instituts nationaux de statistique qu’il soutient est considéré par beaucoup d’observateurs comme la meilleure « success story » de la statistique africaine.
 

En savoir plus sur le projet SODDA

En savoir plus sur Afristat : www.afristat.org


Nos projets


Nos projets de coopération sont la preuve que la coopération internationale peut être un outil réellement efficace au service de l’amélioration de la communication en matière de statistiques publiques.

Expertise France, s’appuyant sur sa vaste expérience en matière d’assistance statistique et sur son réseau diversifié d’experts, est activement engagée en faveur de la réalisation de cet objectif. Nous contribuons à cet effort mondial de la communauté statistique dans le cadre d’une intense collaboration avec l’INSEE et avec les bureaux de statistiques d’autres pays de l’Union européenne.

Nos projets de coopération régionale sont financés par la Commission européenne et mis en œuvre en coordination étroite avec Eurostat.
 

En savoir plus sur Expertise France et les statistiques

Découvrez l’Institut national français de la statistique sur www.insee.fr

Dernières publications