MEDSTAT IV, un projet de coopération statistique euro-méditerranéenne réussi

La relation entre l’Union européenne (UE) et les pays du Nord et du Sud de la Méditerranée en matière de statistiques a débuté dès 1995, suite au lancement du partenariat EuroMed à la conférence de Barcelone. L’objectif de cette coopération est de favoriser le dialogue, l’échange et l’harmonisation des pratiques pour produire et diffuser des données statistiques pertinentes, harmonisées et de qualité. Celles-ci peuvent ensuite éclairer les choix politiques et venir alimenter les politiques publiques, euro-méditerranéennes notamment.

Durant les quinze dernières années, l’approche a évolué afin de s’adapter au mieux à la situation régionale. Le projet MEDSTAT IV, quatrième cycle du soutien de l’UE aux systèmes de statistiques des pays du Voisinage Sud, a contribué au renforcement des capacités de chaque pays partenaire, à la production de données sur de nouvelles thématiques et au partage de méthodes et pratiques au niveau régional.
 

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Des pays MED aux commandes de la coopération technique

L’aide ponctuelle de l’UE entre 2006 et 2016, puis l’appui renforcé apporté par le projet MEDSTAT IV entre 2016 et 2019, ont permis aux pays partenaires de prendre pleinement la place qui leur revenait au niveau stratégique et opérationnel. Dans le cadre des activités déployées, le projet a contribué au renforcement des capacités des coordinateurs thématiques des pays partenaires, notamment lors des groupes de travail annuels tenus sur chaque secteur.

L’implication et la volonté de ces coordinateurs MED à contribuer encore davantage à la coopération régionale ont accompagné une prise en charge de responsabilités accrue dans le cadre du Forum euro-méditerranéen des statisticiens, réunion annuelle des directeurs généraux de tous les instituts nationaux statistiques de la région avec la Commission européenne.

Des données pertinentes pour les utilisateurs

Les pays du Voisinage Sud travaillent avec les pays européens depuis plus de 20 ans sur de nombreux secteurs thématiques comme l’énergie, les transports… Cependant, l’évolution du monde et du contexte régional a mis sur le devant de la scène de nouvelles thématiques (genre, objectifs de développement durable…) pour lesquelles des données chiffrées étaient nécessaires et dont les instituts nationaux de statistiques ont eu à se saisir.
 

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Le projet MEDSTAT IV a accompagné ces évolutions en  mobilisant des experts internationaux en favorisant les échanges de pratiques sur ces nouveaux sujets afin d’améliorer la production de données fiables, pertinentes et actualisées. De telles données sont désormais disponibles, tant pour les décideurs que pour les citoyens, dans un nombre important de secteurs stratégiques.

Des méthodes et pratiques harmonisées au niveau régional

Enfin, les échanges d’expériences et les lieux de réflexion appuyés par MEDSTAT IV ont contribué à la production et à l’appropriation de méthodes et de pratiques communes au niveau régional.

L’importance de la coopération régionale et l’implication d’experts européens et méditerranéens dans les discussions entre professionnels a également participé au rapprochement des systèmes et des méthodologies statistiques de part et d’autre de la Méditerranée.

Essentielle pour travailler ensemble et permettant des comparaisons entre les pays, cette harmonisation facilite en elle-même les échanges entre statisticiens. Ainsi, elle permet de limiter le coût d’entrée de certains instituts nationaux statistiques dans la production ou la dissémination de certaines données, tirés vers le haut par les pays les plus avancés dans ce domaine.
 

Retrouvez les publications MEDSTAT IV sur le site du projet : medstat4.expertisefrance.fr
 

L'avis de notre experte

Hasnae Fdhil est chargée de la division de la Communication et de la Coopération au Haut-Commissariat au Plan du Royaume du Maroc. Elle a été élue membre du comité exécutif de l’Association internationale des statistiques officielles pour la seconde fois (2019-2021) et a reçu un outstanding service award de l’Institut international de la statistique en 2017. Hasnae a dirigé plusieurs projets de coopération statistique, dont la coordination du programme MEDSTAT au Maroc.

Pourquoi la coopération euro-méditerranéenne est-elle utile pour les pays MED ?

La coopération euro-méditerranéenne a constitué un espace de dialogue propice pour des débats multipartites impliquant les pays MED, Eurostat, les pays membres de l’UE, et aussi les organisations régionales et internationales. Elle a contribué au développement de la statistique dans la région aussi bien en termes de production qu’en termes de qualité et de visibilité. A titre indicatif, le nombre d’indicateurs de la base de données d’Eurostat sur la région est passé de 200 indicateurs en 2007 à 1500 indicateurs en 2019.

Les réflexions et les activités qui ont été développées dans le cadre de cette coopération ont évolué au fil du temps pour répondre au mieux aux besoins émergents de la région. Dans ce sens, mettre les utilisateurs au centre des débats, les interpeler dans des activités sectorielles, développer des matériaux/projets rapprochant les producteurs et les utilisateurs, constituent les points forts de cette coopération régionale.
 

Les outils, méthodes et pratiques développés grâce au projet vont-ils perdurer maintenant que le projet MEDSTAT IV est terminé ?

Plusieurs permettent de répondre affirmativement à cette question. Tout d’abord, l’approche adoptée dans la mise en œuvre du projet MEDSTAT IV a facilité l’appropriation des méthodes et des bonnes pratiques développées. Il est important de mentionner que le projet a contribué à la coopération Sud-Sud par la formation de viviers d’experts au niveau des pays MED à travers la formation de formateurs, le coaching et leur implication effective dans les débats techniques régionaux et internationaux.

Ensuite, la nature de certains résultats obtenus dans le cadre de la coopération UE-MED a permis d’inscrire l’apport du projet dans la durabilité. A titre d’exemple, on peut citer le développement des bilans énergétiques, l’engagement sur la qualité, l’enquête harmonisée sur la migration internationale (MED-HIMS) et le projet C4S « Communication pour les statistiques ». Ce dernier exemple a aidé à construire au niveau des pays volontaires les jalons d’une meilleure communication entre les statisticiens et les journalistes.

Enfin, convaincus de la nécessité d’inscrire cette coopération euro-méditerranéenne dans la durabilité avec une responsabilisation de toutes les parties prenantes, les partenaires ont mis en place, en 2013, le Forum des statisticiens euro-méditerranéens et les groupes de travail thématiques présidés par les pays MED. L’opérationnalisation de ces mécanismes devrait garantir la durabilité de cette coopération régionale. Le projet MEDSTAT IV a permis d’expérimenter leur fonctionnement et a œuvré pour une implication effective des pays MED aussi bien technique que managériale.

Compte tenu des défis auxquels font face les systèmes statistiques de nos pays, notamment pour répondre à la demande de plus en plus croissante en données statistiques fiables, comparables et de qualité, en particulier dans le contexte de l’agenda de développement durable 2030, la continuation de ce partenariat historique est cruciale.

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