En Centrafrique, accompagner le désenclavement des régions et le redéploiement de l’Etat sur le territoire
Suite à la crise politico-militaire que la Centrafrique a traversée de 2013 à 2015, Expertise France soutient les autorités pour le relèvement du pays, en cohérence avec le Plan national de relèvement et de consolidation de la paix défini par l’Etat centrafricain.
Parmi les projets mis en œuvre par l’agence, le projet de désenclavement des régions en RCA a pour objectif de faciliter la circulation des biens et des personnes entre les différentes régions de Centrafrique. Ce projet est consacré à l’installation, dans des zones enclavées, de ponts métalliques Bailey cédés par le Centre national des ponts de secours de France. Il est financé à hauteur de 6,8 M€ par l’Union européenne, l’Allemagne, la France, les Pays Bas, l’Italie et la Suisse, via le Fonds Bêkou.Seize ponts pour contribuer à la relance et au redéploiement des services de l’Etat
Avec un total de sept missions de diagnostic conduites depuis juillet 2018, les équipes d’Expertise France, avec ses partenaires – le ministère des Travaux publics et de l’Entretien routier et le Centre national des ponts de secours –, ont couvert plus de 85% des axes principaux afin d’identifier et d’établir un état des points de franchissement du pays. Plus de 5 500 kilomètres ont été parcourus et pas moins de 360 points de franchissement ont été inspectés. Des degrés de dégradation divers ont pu être constatés selon les zones.
À la suite de ce diagnostic, seize sites ont été identifiés dans les préfectures de la Lobaye, de la Mambéré-Kadéi, de la Sangha-Mbaéré, de l’Ouham-Pendé, de l’Ombella-Mpoko, de la Ouaka et du Mbomou pour accueillir des infrastructures de ponts Bailey. A ce jour, onze ponts de type Bailey ont déjà été installés, par exemple dans la Lobaye et dans le Mbomou.
L’installation de ces ponts facilitera les exportations et le transport de productions agricoles contribuant ainsi à la relance économique. Ces nouveaux ponts permettront également d’appuyer le redéploiement des services de l’État dans le pays. Cinquante-six autres sites ont été identifiés comme défectueux mais pour lesquels une solution de ponts Bailey n’est pas nécessaire ou ne peut être adoptée pour des raisons techniques.
Une cartographie pour l’élaboration d’une stratégie de maintenance
Suite à ce constat, une cartographie a été remise au ministère des Travaux publics et de l’Entretien routier à l’occasion d’un atelier de restitution, organisé le 20 novembre 2020. Elle permettra de mettre à jour la base de données du ministère et pourra appuyer l’élaboration d’une stratégie de maintenance des axes et points de franchissement dans le pays, contribuant au désenclavement territorial. Ainsi, l’Union européenne et la France, par ce projet, confirment leur engagement pour le développement de toutes les régions de la Centrafrique.
Atelier de restitution de la cartographie, le 20 novembre 2020 à Bangui.
RESE, un nouveau projet pour redéployer l’action publique sur le territoire
Quelques jours plus tard, le 23 novembre 2020, l’Agence française de développement (AFD) et Expertise France ont officiellement lancé le projet d’appui au redéploiement de l’Etat et des services essentiels (RESE). Il vise à contribuer à la sortie de crise en améliorant la gouvernance et en renforçant les capacités de l’administration centrafricaine, afin de permettre le déploiement effectif de l’action et des services publics à travers le territoire, en réduisant les disparités territoriales, au bénéfice des populations.
D’une durée de 4 ans (2020-2024) et d’un montant de 10 M€, le projet RESE s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale de restauration de l’autorité de l’État (RESA), qui comprend trois domaines d’action prioritaires : instauration progressive de la sécurité ; redéfinition du rôle des services publics ; amélioration de la gouvernance locale et développement économique local intégré. Le RESE poursuivra, à ce titre, une stratégie à deux niveaux :
• Consolidation du comité de coordination et de suivi de la RESA (CCS-RESA), en tant qu’instance de suivi du redéploiement de l’Etat et de ses services dans les territoires, à travers la planification et la mise en œuvre de sa stratégie ;
• Expérimentation dans le territoire de la Nana-Mambéré, ce qui permettra de tester des dispositifs et de faire remonter au CCS-RESA les expériences menées dans la préfecture dans une optique de duplication future dans d’autres préfectures du pays.
Un programme et des actions pilotes à venir dans la préfecture de la Nana-Mamberé
L’équipe du projet RESE sera déployée à Bangui auprès du CCS-RESA et dans la préfecture de la Nana-Mamberé avec la mobilisation d’une équipe de 5 personnes en appui au préfet, aux sous-préfets et aux actions directes au bénéfice des populations.
Un Fonds d’investissement intersectoriel de la Nana-Mamberé viendra soutenir des actions directes au bénéfice des populations dans les domaines prioritaires (santé, hydraulique et éducation) et les autorités et services déconcentrés dans la mise en œuvre de la RESA.
Ce positionnement au plus près de la population permettra d’acquérir une vision territoriale des services essentiels et de soutenir le pilotage de l’Etat dans la coordination et délégation de services publics pour répondre aux besoins de la population et ainsi restaurer une confiance des populations envers les autorités.
Cérémonie de lancement du projet RESE, le 23 novembre 2020 à Bangui.