Côte d’Ivoire : Expertise France appuie la transition énergétique et climatique du pays
A l’instar de l’ensemble du continent africain, la Côte d’Ivoire fait partie des pays les plus vulnérables aux impacts du changement climatique. 1er producteur mondial de cacao, et principal producteur de caoutchouc, de bananes, ou encore de noix de cajou, l’économie du pays dépend grandement des conditions climatiques liées à son activité agricole industrielle et vivrière qui emploie 46% des actifs et fait vivre plus de 65% de la population.
Par ailleurs, la Côte d’Ivoire ne constitue pas l’un des pays les plus émetteurs de CO2 sur le continent, et fait même figure d’exemple dans la région en matière de politique climatique. A cet égard, le Ministère de l’Environnement a bénéficié, en octobre dernier, d’un élargissement de son domaine d’action à la « Transition écologique », prémices d’une réorganisation et d’un champ de compétences repensé.
L’électrification rurale au service des habitants, des artisans et des agriculteurs
Dans la lignée des objectifs de développement durable, notamment les ODD n°7 et 13, le Gouvernement ivoirien a mis en place en 2013 un Programme National D’Electrification Rurale (PRONER) encourageant le recours à l’électrification décentralisée et le développement des énergies renouvelables (solaire, biomasse, petite hydroélectricité), suivi en 2014 par le Programme Electricité Pour Tous (PEPT) visant à raccorder 200 000 ménages par an au réseau par un mécanisme apportant une facilité de paiement pour le branchement initial.
Expertise France accompagne le pays au travers de plusieurs projets financés par l’UE, dont deux ayant pour objectif d’élargir la production d’électricité verte tout en renforçant son accessibilité à une frange de la population jusqu’alors en marge du réseau d’acheminement et de distribution.
La composante « Electrification rurale décentralisée par énergies renouvelables » du projet « ECLER IVOIRE », financé à hauteur de 11,6M€ par l’UE, a permis de construire seize centrales solaires et réseaux de distribution dont bénéficieront dix mille personnes dans des localités éloignées du réseau national. Expertise France a pour cela réalisé des études de préfaisabilité sur 30 localités, créé des outils d’aide à la décision pour comparer les coûts de revient des différents modes d’électrification et construire un modèle tarifaire adapté, puis supervisé la conception et réalisation des travaux et accompagné la sélection d’un exploitant. Les 16 centrales et réseaux liés ont ensuite été rétrocédés à CI-Energies, gestionnaire du patrimoine des infrastructures énergétiques de Côte d’Ivoire. Depuis août 2022, les centrales sont exploitées par la CIE, opérateur historique du réseau national.
Ce projet pilote avait pour but de démontrer la pertinence du modèle d’électrification rurale décentralisée : les outils conçus pourront être utilisés pour répliquer cette initiative à l’échelle nationale. Un potentiel de plusieurs milliers de sites à électrifier par réseau autonome a été identifié à date par la Direction générale de l’Energie.
Le village de Dibykro constitue une vitrine du projet et a bénéficié de l’électrification grâce à une mini-centrale solaire de 90 kwc située à 2 kilomètres des campements.
Son chef de village, Jean-Claude Koffi Connan, se réjouit depuis lors des retombées pour les habitants de l’arrivée de l’électricité, à savoir le développement d’activités génératrices de revenus : « avant, nous devions aller chercher nos poissons à Tiassalé et les consommer rapidement, aujourd’hui nous pouvons les conserver dans nos réfrigérateurs, voire nos congélateurs. L’électricité a également permis le développement d’une ferronnerie ainsi que d’un maquis essentiel à l’animation de la vie du village ».
L’électrification est, au-delà de l’aspect financier, un véritable atout pour garantir la qualité de vie des villageois. M. Koffi Connan en témoigne ouvertement : « l’électricité, c’est aussi de l’éclairage public, pour plus de sécurité, et la lumière dans les écoles et dans les maisons a accru le dynamisme de l’enseignement auprès des jeunes écoliers ».
En complément des actions menées dans la production d’énergie et dans l’élargissement du réseau, l’agence met en œuvre une initiative complémentaire via le projet MAX (Maximisation des impacts de l’électrification rurale en Côte d’Ivoire), d’un budget de 4M€ dont 1,25M€ destinés aux subventions, qui vise à favoriser l’accès aux services et aux équipements électriques efficaces dans les zones rurales. Il bénéficie à différents types d’acteurs : les ménages, le secteur privé et les pouvoirs publics.
Les ménages bénéficient à ce titre d’un accès et d’un financement d’équipements, si possible économes en énergie, avec une attention particulière donnée aux femmes, avec pour ambition d’améliorer leurs conditions de vie et de réduire le montant des factures d’électricité à service constant.
Pour les professionnels, le projet entend faciliter l’accès, le financement et l’utilisation d’équipements électriques afin de garantir une augmentation de leurs revenus et la création d’emplois, qui contribuent à l’amélioration des conditions de vie des populations.
Les avancées en matière d’offre de services et produits locaux (commerces, artisanat, restaurant, stockage en chambre froide…) permettent d’alléger certaines tâches ménagères et de renforcer durablement l’efficacité et la productivité dans certaines branches d’activités comme l’agriculture, ou la transformation.
En outre, le projet MAX joue un rôle majeur dans le quotidien des populations et plus particulièrement dans celui des femmes, en améliorant la qualité de certains services publics (éducation, eau potable, santé, sport…) utilisant des équipements électriques, notamment via la facilitation de l’accès, du financement et l’utilisation d’équipements électriques.
L’approche retenue dans le cadre du projet est de privilégier au maximum les interventions auprès et avec les acteurs privés des chaînes de distribution des équipements électriques et des prestataires de services associés. Il s’agit donc de mettre en place un système d’incitations financières et non financières pour que ces acteurs modifient leurs modes d’action dans le sens des objectifs visés.
Une transition énergétique : entre atténuation et adaptation
En parallèle, ECLER IVOIRE avait pour objectif de contribuer à améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments en Côte d’Ivoire, en ligne d’une part avec les directives promulguées par la CEDEAO et l’UEMOA et d’autre part avec le Code de l’efficacité énergétique des bâtiments rédigé par le Gouvernement de Côte d’Ivoire. Après avoir mené l’évaluation de 72 bâtiments énergivores ivoiriens, c’est l’immeuble SOGEFIHA, situé au Plateau et hébergeant plusieurs institutions ministérielles, qui a été retenu pour bénéficier de travaux de rénovation énergétique en site occupé. Les solutions mises en œuvre ont intégré notamment la rénovation des systèmes énergivores (climatisation-ventilation et éclairage), un renforcement de l’isolation thermique en toiture, l’installation de panneaux photovoltaïques pour alimenter le bâtiment et l’installation d’un système de « Gestion Technique du Bâtiment ». L’analyse des différents usages a permis d’identifier, via ces solutions, une économie d’énergie de l’ordre de 40 % afin d’atteindre une très bonne performance énergétique de 156 kWh/m²/an, contre 254 kWh/m2/an avant les travaux. L’inauguration du bâtiment a eu lieu le 14 novembre 2023 en présence du Ministre de l’Energie, de l’Ambassadrice de l’Union européenne en Côte d’Ivoire, de la Direction générale de l’Energie, d’Expertise France, de CICOP-CI (Maitrise d’œuvre) et de Smart Energie (entreprise travaux).
La tour SOGEFIHA, gérée par la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité Publique (DGTCP), a ainsi joué un rôle de démonstrateur pour prouver la faisabilité technique de telles solutions pour respecter le cadre normatif ivoirien et régional et permettre de répondre à la volonté du gouvernement ivoirien de rendre plus économe en énergie son parc immobilier.
La réussite de ce projet pilote pourrait donner lieu à une réplication dans l’ensemble des bâtiments publics les plus énergivores.
Une trajectoire bas carbone inscrite dans les Contributions Déterminées au niveau National de la Côte d’Ivoire
Depuis les Accords de Paris signés en 2015, chaque Etat s’engage à construire un plan d’action climatique, des Contributions Déterminées au niveau National (CDN), visant à réduire ses émissions de gaz à effet de serre et à s’adapter au changement climatique.
Afin de respecter ces engagements, une planification sur l’ensemble des secteurs d’activité – énergie, forêts, agriculture, industrie, déchets – est nécessaire et implique un travail de recensement des besoins de tous les acteurs impliqués dans le développement économique et social national et une innovation constante.
La Côte d'Ivoire a fait de la lutte contre le changement climatique l'une de ses priorités en s'engageant à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 30,41 % d'ici 2030 dans ses CDN. Le gouvernement ivoirien a à ce titre bénéficié de l’accompagnement technique d’Expertise France dans le cadre de la mise en œuvre de ses CDN sur la période 2022-2030 au travers du programme transversal Transition Bas Carbone (TBC) financé par l’UE.
Pendant quatre ans, l’agence contribue à bâtir une coordination interministérielle et intersectorielle pour instaurer un système de suivi et d’évaluation des engagements climatiques du pays.
Ces engagements concernent à la fois l’adaptation au changement climatique et son atténuation. Le projet a pour vocation de soutenir les secteurs clés (forêt, énergie, agriculture et déchets) et de sensibiliser la société civile au changement climatique en Côte d’Ivoire.
Cette approche participative et inclusive aura à terme pour ambition d’intégrer la Stratégie Climat dans les politiques nationales transversales et sectorielles, et d’imprégner les acteurs non-étatiques des questions climatiques et environnementales et des dimensions de genre et d’inclusion sociale induites.