Vivre en harmonie avec la Nature : des acteurs locaux s'engagent pour la biodiversité

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Pour mobiliser les villes, métropoles et régions, l’équipe du projet Post-2020 Biodiversity Framework - EU Support mis en œuvre par Expertise France était présente au sommet international The Nature of Cities (TNOC), organisé du 4 au 7 juin à l’Université Paris Sorbonne. A cette occasion, l’équipe projet, en partenariat avec le Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique (CDB) et l’International Council for Local Environmental Initiatives (ICLEI), a su mobiliser les parties prenantes sur une feuille de route commune pour les villes, les métropoles et les gouvernements locaux, en vue de soutenir un accord international ambitieux pour la biodiversité à la COP 15 de la CDB prévu à Kunming (Chine) en octobre 2020.

En mai dernier, l’IPBES – le « GIEC de la biodiversité » – publiait un rapport alarmant sur l’état de la biodiversité et des écosystèmes. Ce rapport propose néanmoins plusieurs pistes d’actions pour opérer un changement transformatif de nos sociétés. Parmi elles, l’engagement des zones urbaines sera déterminant. La mobilisation des villes, des métropoles et des gouvernements locaux permettraient de concrétiser les engagements qui seront pris à l’échelle nationale et mondiale, dans le nouveau cadre mondial pour la biodiversité post-2020.

Pour cette 1ère édition du sommet The Nature Of Cities, plusieurs centaines d’acteurs, citoyens, artistes, scientifiques, hommes politiques, représentants de collectivités et militants issus de la société civile ou encore du monde académique et de la recherche se sont réunis pour réfléchir aux moyens de développer des villes durables au bénéfice de l’Homme et de la nature.

Un atelier participatif organisé par le projet Post-2020 Biodiversity Framework - EU Support visait à recueillir les recommandations des participants sur un agenda de l’action, mais aussi sur une feuille de route pour les villes, les métropoles et les gouvernements locaux. L’objectif : insuffler une dynamique mondiale propice à la signature d’un accord ambitieux à la COP 15.

 

 

Encourager les partenariats entre acteurs locaux engagés pour la biodiversité

Cet atelier a créé un espace de discussion propice au renforcement des liens et au développement de coopération entre des acteurs locaux engagés pour la protection et l’utilisation durable de la biodiversité au niveau local.

Dans une démarche transversale, l’atelier a mis en exergue les bonnes pratiques en matière d’investissement dans la biodiversité urbaine, les services écosystémiques fournis par les écosystèmes en bonne santé et les infrastructures vertes y compris en milieu urbain. Les participants, venus du monde entier, y ont explicité le rôle de la connectivité écologique en milieu urbain, en illustrant aussi les nombreux bénéfices de la nature pour la qualité de vie, la production alimentaire durable, l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, la santé humaine, la résilience aux risques et catastrophes naturelles, etc.

« Nous devons mobiliser les pays partenaires hors de l’Union européenne et tous les acteurs de ces pays, parmi lesquels les villes, le secteur privé, les citoyens, la société civile. Les villes sont des acteurs décisifs ; avec l’urbanisation, elles sont en pleine croissance, partout. Elles ne devraient pas être perçues comme un problème, mais bien comme une partie de la solution pour résoudre le défi de la biodiversité » développe Daniel Van Assche, qui travaille pour l’Instrument de politique extérieure de l’UE.

Tous ont pu échanger sur la complexité de relever les multiples défis associés à la préservation de la biodiversité en ville. « Le Valle de Aburrà [Colombie] travaille activement avec tous les acteurs pour développer des règlementations concrètes pour accroître le nombre d’arbres par habitant et la surface des espaces verts, connecter ces zones, protéger les pollinisateurs, créer des espaces pour semer et restaurer les aires endommagées », explique Maria del Pilar Restrepo, responsable de l’autorité environnementale de la région métropolitaine du Valle de Aburrà, en Colombie.

Le dialogue a souligné l’importance d’engager des démarches concertées et multi-acteurs mobilisant le secteur privé et académique avec les agences gouvernementales.  « La préfecture d’Aichi [Japon] a créé des Conseils en « Réseau Ecosystème ». Ces conseils réunissent les différents acteurs de la région, définissent des objectifs régionaux et déploient les efforts nécessaires pour les atteindre. On dénombre actuellement 9 conseils qui rassemblent plus de 280 organisations » présente Hiroko Mizuno, qui suit les questions de biodiversité au sein de la Préfecture d’Aichi.

 

Définir une feuille de route commune

Plusieurs questions ont alors été formulées auprès des participants : quelles solutions peuvent-ils mettre en place ? Quels sont leurs besoins et les ressources nécessaires ? Dans quelle mesure pourraient-ils retranscrire ces solutions sous la forme d’engagements officiels ? Quelles grandes échéances jalonnent l’agenda international des acteurs locaux et permettront une montée en puissance de leur mobilisation jusqu’à la COP15 et bien au-delà ?

Dans une démarche participative, ils ont soumis leurs propositions pour identifier les acteurs, les évènements et les idées clés qui, recoupés, permettront de définir les bases d’une feuille de route commune, avec un enjeu important de coordination des acteurs.

« Il est essentiel que les Nations unies puissent définir comment mieux travailler avec les gouvernements locaux. Ceux-ci, ainsi que les villes, sont les seuls capables de gérer les espaces terrestres et maritimes. La réglementation des pratiques du secteur privé et leur mise en œuvre est bien mieux gérée dans les villes » souligne Oliver Hillel, en charge des Villes et des Gouvernements locaux auprès du Secrétariat de la CDB.

L’ambition était de regrouper les efforts de différents réseaux, de canaliser les énergies et de structurer des contributions à même de définir des engagements concrets et des principes d’action stratégiques, incluant les vecteurs directs et indirects de perte de la biodiversité.  

Promouvoir les engagements des villes pour 2020… et après

« Le but est à présent de développer une approche systémique pour aller de l’avant et éviter que les idées ne soient diluées » affirme Ingrid Coetzee, du Centre pour la biodiversité dans les villes de ICLEI, qui a profité de l’atelier pour présenter la plateforme CitiesWithNature, soutenue par le Secrétariat de la CBD comme partie intégrante de l’agenda de l’action défini pour la COP15, et qui associe des réseaux comme ICLEI, l'IUCN et TNC. Ce réseau de praticiens rassemble ainsi les engagements des villes et acteurs locaux avec plus de 70 propositions de villes soumises à ce jour.

 

 

L’ambition est à présent d’amplifier ce mouvement en accroissant le nombre de propositions soumises et relevant le niveau d’ambition de ces engagements, pour que le cadre mondial de la biodiversité pour l’après 2020 soit réellement transformatif. « Nous essayons d’être ambitieux et nous avons hâte de découvrir le nouveau cadre mondial pour créer notre nouvel agenda. Nous faisons de notre mieux pour atteindre les cibles d’Aichi et continuerons de travailler avec les acteurs internationaux sur les enjeux climatiques et de biodiversité » rappelle Erias Lukwago, le maire de la ville de Kampala (Ouganda), qui avait fait le déplacement pour l’occasion, et soutient le développement de villes vertes en Afrique.   

Pour cela, il faudra veiller à ces que les engagements pour contrer la perte de la biodiversité aient des objectifs dits « SMART », c’est-à-dire spécifiques, mesurables, atteignables, réalistes et menés à bien dans les délais impartis. Ils devront aussi pouvoir être revus à la hausse régulièrement dans le cadre mondial pour la biodiversité après 2020 qui sera défini à la COP15 prenant en compte la vision 2050 « Vivre en harmonie avec la nature ». Enfin, ils devront être adossés à un système de suivi et évaluation, à même d’en vérifier la mise en œuvre et de s’assurer de son effectivité à échéances régulières.

« En se référant à la Convention pour la diversité biologique, nous essayons à São Paulo de favoriser la convergence et l’intégration des différents agendas, celui du changement climatique, celui des Objectifs du développement durable (ODD) et celui de la biodiversité. Cela nous fournit une base pour mettre en œuvre des actions très concrètes, comme le développement de programme d’éducation environnementale, étroitement articulés avec des activités de terrain telles que la restauration de la forêt ou le développement des marchés verts » conclut Paul Dale, qui représente au sommet le secrétariat pour les infrastructures et l’environnement de l’Etat de Sao Paulo (Brésil).

La feuille de route définie au sommet sera présentée dès le mois de juillet prochain au sommet « Unlocking the power of metropolises to mainstream biodiversity and ecosystem services for nature and people » prévu à Medellin, Colombie.

 

Pour plus d’information sur le projet : www.4post2020bd.net

Pour plus d’information sur le programme européen de coopération pour les villes : www.iuc.eu

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