Projet PRISMS : un nouvel incinérateur de déchets biomédicaux à Ouagadougou

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Burkina Faso

Le nouveau centre d’incinération de Ouagadougou sera consacré à la destruction des déchets biomédicaux, qui, potentiellement infectieux, représentent un risque sanitaire. La construction de cet incinérateur est l’une des mesures soutenues par le projet PRISMS (prévention du risque infectieux et sécurité des soins), qui touche à sa fin. Cofinancé par l’Union européenne et l’État français et mis en œuvre par Expertise France, PRISMS a œuvré au renforcement de la qualité et de la sécurité des soins prodigués dans les établissements de santé afin d’améliorer l’hygiène hospitalière au Burkina Faso.

Si 85% des déchets liés aux soins de santé ne sont pas dangereux, d’autres types de déchets peuvent être infectieux. C’est notamment le cas des déchets biomédicaux (DBM), catégorie qui comprend les déchets anatomiques humains (tissus, organes…), les objets piquants ou tranchants qui ont été en contact avec des liquides ou tissus humains comme le sang (seringues, lames…), ou encore les vaccins de souche vivante. En raison du risque qu’ils représentent pour la santé, les DBM doivent donc être traités séparément des autres déchets hospitaliers : ce sera le rôle du nouveau centre mutualisé d’incinération, qui traitera les DBM des établissements de santé publics et privés de la ville de Ouagadougou et de ses environs.

 

 

Pour compléter le dispositif, deux véhicules sécurisés de collecte de DBM ont été mis à disposition et quatre incinérateurs régionaux ont été installés dans les villes de Fada (Est), de Tenkodogo (Centre Est), de Kaya (Centre Nord) et Ouahigouya (Nord).

La finalisation de la construction de ce nouvel incinérateur a été la dernière grande activité du projet PRISMS, qui touche à sa fin après 34 mois de mise en oeuvre. Doté d’un budget de 3,7 M€, PRISMS a accompagné le ministère de la Santé du Burkina Faso dans la mise en place de mesures et d’outils pour renforcer l’hygiène hospitalière et la sécurité des soins.

L’hygiène hospitalière, clé contre les infections nosocomiales

Un déficit d’hygiène en milieu de soins entraîne un risque d’infections nosocomiales pour les patients et un risque professionnel pour les soignants. Au Burkina Faso, les pratiques constatées et l’insuffisance de matériels de soins et d’équipements nécessaires au maintien d’un environnement de soin sécurisé laissaient présager une fréquence importante de ces risques. Ce constat est fait dans tous les établissements de santé, avec des ruptures fréquentes en gel hydroalcoolique et produits d’hygiène.

Pour y remédier, Expertise France, agence française de coopération technique internationale chargée de la mise en œuvre du projet PRISMS, a travaillé en lien étroit avec le ministère de la Santé et avec des acteurs disposant d’une expertise dans le domaine de l’hygiène hospitalière : l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Groupe d’étude sur le risque d’exposition des soignants aux agents infectieux (Geres) et les centres hospitaliers universitaires (CHU) de Montpellier et Bordeaux. Au total, 21 établissements répartis entre les 13 régions du Burkina Faso ont été impliqués dans le projet.

De nouvelles normes pour une sécurité des soins renforcée

L’une des priorités de PRISMS a été de renforcer le cadre institutionnel en matière de prévention du risque infectieux et de sécurité des soins. Il s’agissait tout d’abord de renforcer le cadre normatif en la matière (réglementation, procédures…), qui était encore mal défini lors que le projet a commencé en 2017. Les experts mobilisés ont notamment produit quatorze documents et outils destinés à favoriser l’adoption de pratiques de soins plus sûres – par exemple, un guide de surveillance et d’investigation des infections associées aux soins, sur la sécurité des patients en chirurgie, maternité et néonatologie ou encore sur la bonne prescription des antibiotiques. Ces éléments ont ensuite été diffusés largement, au niveau du ministère de la Santé et de ses services en région, mais aussi dans les structures de santé et aux acteurs privés.

De plus, afin d’assurer le relais des nouvelles normes en région, six comités de prévention des infections associés aux soins ont été mis en place avec l’appui des CHU de Bordeaux et de Montpellier. Ces comités, placés au sein des structures hospitalières, sont chargés d’organiser les activités de prévention et de surveillance des infections nosocomiales au sein des structures hospitalières. Ils ont été outillés pour réaliser des études sur le taux circulant de germes susceptibles de causer des infections associées aux soins (IAS) et de mesurer ce taux. Les délais du projet n’ayant pas permis ces études, elles constituent une porte de pérennisation des acquis.

Sensibiliser, former et équiper à large échelle

En parallèle, PRISMS a déployé des activités pour favoriser l’application effective de ces nouvelles normes par les personnels de santé. L’ensemble du personnel public des 21 sites hospitaliers concernés par le projet a été sensibilisé aux bonnes pratiques générales de sécurité des soins (hygiène des mains, comportements à risque…). Cela s’est doublé de formations ciblées : plus de 4000 personnes ont pu bénéficier de sessions adaptées à leur profil (prévention et contrôle des infections, gestion des déchets, gestion du linge hospitalier, sécurité en chirurgie, maternité…). 

En complément, le projet PRISMS a fourni des équipements (kits de protection individuelle, produits d’hygiène, stérilisateurs…) et a supervisé la construction ou à la réfection de certains locaux hospitaliers en lien direct avec l’hygiène hospitalière (unités de stérilisation, buanderies…).

Des bases posées pour l’avenir

Enfin, pour favoriser le renforcement des bonnes pratiques sur le long terme et à large échelle, PRISMS a accompagné l’élaboration de modules de formation en hygiène hospitalière et a formé une équipe de 45 formateurs, qui est désormais en mesure de prendre en charge la formation des personnels de santé. Un appui technique et financier a aussi été apporté pour la mise en place d’un nouveau diplôme universitaire en hygiène hospitalière, qui a démarré en mai 2017 avec, à ce jour, 2 sessions organisées et près de 55 participants dont 19 bourses financées par le projet PRISMS.

Les activités menées dans le cadre du projet PRISMS ont permis de poser les bases pour permettre à l’Etat burkinabè de garantir la sécurité des patients hospitalisés et par là même renforcer la confiance des usagers dans le système de santé national.

L’appui apporté au Burkina Faso s’inscrit dans le cadre plus large de l’action de l’Union européenne et de la France en matière de renforcement des systèmes de santé en Afrique de l’Ouest. Expertise France a notamment mis en œuvre des projets en Guinée dans un contexte post-Ebola avec les projets PREPARE et TWIN2H, poursuivies aujourd’hui dans le cadre du projet PASA2 sur l’amélioration de la gouvernance dans le secteur de la santé.

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