"L'Europe est un allié naturel pour faire progresser l’agenda de l’Amérique latine en matière d’égalité de genre"

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Depuis 2005, le programme EUROsociAL, axé sur la cohésion sociale, a créé une dynamique de coopération et de collaboration entre l'Europe et l'Amérique latine. Dans cette interview, Mme Alejandra Mora Mora témoigne de l'impact du programme. Avocate, femme politique et militante des droits de l’homme, Alejandra Mora Mora a une grande expérience dans le domaine de la défense des droits des femmes dans son pays d’origine, le Costa Rica, et à plus large échelle. Actuellement basée à Washington, D.C., elle est secrétaire exécutive de la Commission interaméricaine des femmes (CIM) de l’Organisation des États américains (OEA) depuis 2019.

Alejandra Mora Mora décrit l’Europe comme un « allié naturel » pour faire progresser l’agenda de l’Amérique latine en matière d’égalité de genre, soulignant qu’EUROsociAL est un partenaire clé pour renforcer le dialogue sur les rôles des femmes dans la société et l’économie. Elle souligne que les femmes ne sont pas pleinement reconnues dans la sphère publique, qu’elles rencontrent des difficultés pour y accéder et qu’elles ne disposent pas des outils nécessaires pour naviguer dans un environnement international.
Cette caractéristique est davantage ressortie lors de la pandémie de Covid-19. À titre d’exemple, l’expérience de l’Europe en ce qui
concerne les femmes et la prise en charge des personnes dépendantes pendant la pandémie a permis de tirer des enseignements et des recommandations précieuses pour l’Amérique latine. Elle souligne également les résultats positifs de la collaboration avec EUROsociAL dans la lutte contre les violences faites aux femmes, en particulier l’importance des refuges accueillant les personnes touchées. Elle note aussi que la violence numérique est une autre source de préoccupation, et que des efforts sont en cours 
de déploiement pour recueillir des informations en vue de l’élaboration d’une loi type sur cette question.

Ayant beaucoup travaillé sur la reconnaissance de la contribution des femmes au travail de soins et sur l’amélioration de leur autonomie économique, elle a récemment appelé à une plus grande implication du secteur privé. Elle considère que le secteur privé joue un rôle essentiel dans la création de conditions de travail permettant de mieux concilier vie professionnelle, vie personnelle et responsabilités liées à la prise en charge des personnes dépendantes. Grâce à la mise en place d’instruments politiques
tels qu’un congé parental plus équitable, la carrière professionnelle des femmes risquerait moins d’être interrompue et la participation
des hommes à la prise en charge des personnes dépendantes pourrait être encouragée. Cette initiative, qui s’inscrit dans le cadre du projet EUROsociAL Bridge, a abouti à la publication des « Lignes directrices pour l’application de mesures de coresponsabilité en matière de prise en charge des personnes dépendantes dans les entreprises », un outil qui soutient et encourage les entreprises à reconnaître l’importance du partage des responsabilités en matière de prise en charge des personnes dépendantes.

Elle affirme que l’égalité de genre est essentielle au développement des pays d’Amérique latine. Bien que les femmes occupent 36 % des sièges parlementaires en Amérique latine et dans les Caraïbes, l’égalité totale se heurte encore à de nombreux obstacles. « Nous sommes en première ligne », déclare t-elle. Elle souligne l’importance que revêtent les relations avec l’Europe en matière de partage d’expériences et de construction d’alliances qui, espère-t-elle, se poursuivront sur le long terme. Elle s’inspire de l’expérience des femmes politiques européennes pour poursuivre son travail en Amérique latine, en s’efforçant d’atteindre la parité à la fois horizontale et verticale entre les hommes et les femmes.

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