Stimuler l’économie en favorisant l’emploi des jeunes au Rwanda
Comment la formation professionnelle a-t-elle évolué au Rwanda depuis que vous avez commencé votre carrière au sein de la direction et de l’administration universitaires il y a plus de dix ans ?
L’évolution s’est faite principalement en termes d’investissement et de formation des formateurs.
Depuis 2007, les écoles professionnelles de Tumba et de Kigali ont été pionnières en matière de compétences techniques avancées et la formation technique et professionnelle (TVET) était déjà prise au sérieux. Tout a commencé par des écoles secondaires techniques, puis l’enseignement supérieur s’est développé. La formation professionnelle a été considérée comme un pilier du développement économique et industriel. Des universités ont ensuite été créées dans toutes les provinces, ce qui a suscité l’intérêt de la population, du gouvernement et de ses partenaires. L’investissement traduit l’importance du programme d’études et l’implication qu’il suscite.
Les diplômés ont été embauchés dans différents secteurs de l’économie et continuent à l’être aujourd’hui. Le chemin à parcourir est encore long, mais l’avenir est prometteur.
Le public perçoit très bien l’importance de la formation professionnelle.
Quels sont les principaux obstacles que vous avez rencontrés dans le cadre du développement de la formation professionnelle dans le pays ?
À l’heure actuelle, la difficulté réside dans le développement des compétences des formateurs. Les universités qui sont des pionnières à un niveau plus élevé manquent d’enseignants qualifiés par rapport aux besoins et aux demandes. À l’étranger, notamment en Corée du Sud, à Singapour ou en Allemagne, on trouve beaucoup de formations techniques et professionnelles de courte durée. Avec la création d’un plus grand nombre d’établissements proposant des formations techniques et professionnelles, les diplômés sont embauchés en tant qu’enseignants. Un autre défi concerne l’équipement des laboratoires et des ateliers, qui représente un investissement important. Expertise France nous a fourni une assistance technique et s’est assurée que nous atteignions nos objectifs dans les délais impartis.
Comment s’est déroulée la collaboration avec Expertise France ?
Nous avons débuté notre collaboration en 2020 et avons commencé à oeuvrer en 2021. Le premier projet AFTER a été couronné de succès et un autre cycle de financement est en cours. La collaboration s’est bien passée car nous avons discuté et nous sommes tombés d’accord sur la façon dont les choses devaient se dérouler. De notre côté, nous pensons connaitre nos besoins et la façon dont il conviendrait de mettre les choses en oeuvre. L’échange et le soutien sont importants. Un partenariat nécessite de mettre en commun des idées pour fonctionner
Pouvez-vous donner un exemple de l’une des évolutions les plus positives ?
Dans le déroulement d’un projet, le plus important consiste à s’assurer que l’on obtient les résultats escomptés. C’était la première fois que nous collaborions avec la France dans le domaine de l’éducation, et nous n’avions jamais vu un tel niveau d’investissement et de collaboration auparavant. En tant qu’établissement universitaire, nous avons besoin d’établir des programmes d’échanges et, par l’intermédiaire d’Expertise France, nous avons conclu un protocole d’accord avec l’université technique de Paris-Saclay/Cachan, et nous collaborons en matière de formation, de renforcement des capacités et de programmes d’échange. Il s’agissait d’une première connexion dans le cadre d’un projet qui a démarré tardivement à cause du Covid-19, mais nous avons réussi à atteindre les objectifs fixés. À Tumba, nous avons désormais un nouveau bâtiment et des équipements modernes. Nos étudiants évoluent dans un environnement d’apprentissage favorable, et nous constatons qu’ils acquièrent les compétences nécessaires, ce qui satisfait les employeurs. Nous pouvons ainsi constater que les connaissances théoriques transmises aux étudiants sont concrètement appliquées au bénéfice de l’industrie et de la communauté. Je dirais que c’est une grande réussite d’instruire, de préparer et de former les étudiants, et de voir les résultats et l’impact de ce soutien ainsi que le potentiel de ces projets. Il s’agit également d’améliorer et de renforcer la collaboration avec l’industrie, ce qui n’était pas le cas auparavant.
Quel élément pourrait être utile aux partenariats à l’avenir ?
L’expérience que nous avons vécue aux côtés d’Expertise France s’est avérée très positive. Expertise France a vu que nous étions très motivés et a été surpris par la rapidité avec laquelle les choses ont avancé. Les processus étaient parfois lents, peut-être parce qu’il n’y avait pas de bureau à Kigali, mais en tout cas, nous sommes sur la bonne voie et sur la même longueur d’onde. J’espère que l’on parviendra à maintenir ce rythme.