Moyen-Orient : coopération réussie pour la prévention des phénomènes météo
Prévoir les phénomènes météorologiques dangereux est essentiel pour assurer la sécurité des personnes et des biens. L’anticipation de ces phénomènes est un enjeu majeur mais aussi un défi : les fortes pluies et les crues-éclair dévastatrices sont des phénomènes intenses, soudains et souvent localisés.
Pour répondre à ce besoin d’anticipation, Expertise France a mis en œuvre le projet HIP FEWS, financé par l’Union européenne. Initié par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), ce processus a comme objectif de renforcer les capacités et la coopération en matière de préparation et de réponse aux urgences.
Se terminant en juin après deux ans de mise en œuvre, le projet HIP FEWS a permis de rapprocher les services météorologiques & hydrologiques ainsi que les protections civiles des trois pays dans la prévention des crues éclair, et ce malgré un contexte géopolitique complexe et des niveaux d’expertise variés.
Fournitures d’équipements et formations des services météorologiques & hydrologiques
Le projet a permis de doter la Palestine et la Jordanie d’équipements de mesure sur différents wadis (cours d’eau parfois asséchés ou à fort débit lors de précipitations violentes) concernés par les crues éclair dans le bassin de la mer Morte : 11 stations météorologiques et hydrologiques pour la Palestine, et 7 stations en Jordanie
Ces stations remontent des données en temps réel à un système d’alerte basé dans les agences météorologiques jordaniennes et palestiniennes. Via le système « MESSIR NEO », les météorologues peuvent envoyer des bulletins, données et alertes aux services concernés sur leur territoire, mais également au niveau régional et mondial. Cela permet une meilleure anticipation des phénomènes hydro-météorologiques et une réduction des risques de catastrophe.
Outre la fourniture d’équipements, plusieurs formations ont été menées dans le cadre du projet HIP FEWS, permettant de renforcer les compétences des services météorologiques et hydrologiques à différents niveaux.
A travers des interventions d’experts basées sur des besoins exprimés par les partenaires locaux, ces derniers ont pu être formés sur différents points: comment évaluer les risques d’inondations (outils, modèles), définition des seuils d’alerte, utilisation de différents types de données (capteurs terrain, images satellites, radar, etc.), outils de modélisation disponibles dans la prévision météorologique, ou encore l’envoi de messages d’alerte standardisés (CAP Common Alerting Protocol) aux services d’urgence pour optimiser leur compréhension et la réponse à la crise.
Une coopération renforcée en matière de partage des données et de prévention des alertes
Plus généralement, le projet a favorisé l’inter-connaissance des fonctionnements des services météorologiques, hydrologiques et en charge de la gestion des catastrophes. Il a favorisé la transmission des savoir-faire nécessaires à la prévision et l’alerte, permettant aux pays de prévenir et de répondre plus efficacement aux risques d’inondations.
Le projet a plus largement permis de poser une première base solide pour une meilleure coopération dans la région, dans le partage des données météo & hydro et des alertes lorsque des niveaux d’eau critiques sont atteints. La collaboration institutionnelle et opérationnelle trouve toute son importance dans des contextes et bassins transfrontaliers. Certains pays de la zone disposent de meilleurs outils de mesure et de prévision météorologique & hydrologique que d’autres.
Une coopération régionale entre les agences des trois pays aidera à diminuer drastiquement les risques de pertes de vie et de dégâts potentiels. Cette coopération a réellement progressé depuis le début du projet et a été officialisée par une Résolution sur le partage des données formalisée par tous les partenaires en décembre. 2021 à Larnaca, Chypre.
En parallèle, d’autres mécanismes plus opérationnels ont été établis et bien au-delà du projet, comme la mise en place d’un groupe Whatsapp entre les services météorologiques des trois pays. Cela marque une véritable avancée du dialogue entre institutions et experts au niveau régional. Malgré un contexte politique complexe, le projet HIP FEWS a permis de poser des premiers jalons essentiels. Certaines données plus politisées, comme les images radar, ont été discutées tout au long du projet et devront faire l’objet de réunions approfondies entre les trois pays vers un partage efficace et accepté de tous.
Une fin de projet marquée par un exercice de simulation en situation réelle
Pour marquer la fin du projet et mettre en situation réelle les trois pays, un exercice de simulation a été conduit les 20 et 21 juin 2022. Les agences météorologiques des trois pays ont dû répondre à un scénario d’inondation fictif couvrant les wadis récemment équipés de stations de mesure. Cet exercice a permis de tester leurs capacités à visualiser les niveaux d’eau sur le nouveau logiciel MESSIR, d’émettre des prévisions de qualité en coordination avec les services hydrologiques dans le but de comprendre la réaction attendue des cours d’eau aussi bien en intensité que dans le temps et d’envoyer des alertes en cas d’atteinte des seuils critiques.