Pour une meilleure prise en compte de la santé maternelle et néonatale

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Alors que la nouvelle stratégie de la France en santé mondiale 2023-2027 réitère l’engagement français pour la couverture sanitaire universelle (CSU), la défense des droits humains, et met l’accent sur l’approche « une seule santé » en promouvant l’interdépendance de la santé humaine, animale et des écosystèmes, la journée mondiale de la Santé met cette année l’accent sur la santé maternelle, néonatale et infantile. L’occasion pour Expertise France de rappeler son rôle dans la défense de ces droits fondamentaux.

Chaque jour, près de 800 femmes meurent de causes évitables liées à la grossesse ou à l’accouchement, tandis que 2,3 millions de nouveau-nés perdent la vie au cours de leurs 28 premiers jours de vie chaque année, souvent faute d’accès à des soins essentiels (OMS, 2023 ; UNICEF, 2024).

Ces indicateurs traduisent des inégalités sanitaires encore profondes, notamment dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Malgré les avancées permises par les Objectifs de développement durable, la réduction de la mortalité maternelle et néonatale reste inégale et fragile, confrontée à des systèmes de santé insuffisamment résilients, à la pénurie de personnels formés, et à des financements chroniquement sous-dimensionnés. Intégrer pleinement ces enjeux dans les stratégies de santé mondiale suppose une approche systémique, centrée sur le renforcement des soins primaires, la couverture sanitaire universelle et la prise en compte des déterminants sociaux de la santé.

 

 

Lutter contre les vulnérabilités pour renforcer la santé des mères et des nouveaux nés

En ligne avec les priorités françaises, l’agence poursuit ses efforts en faveur de systèmes de santé robustes et équitables. Cet engagement se traduit par le développement et la mise en œuvre de nombreux projets visant le renforcement des ressources humaines en santé et l’amélioration de l’offre de soins, l’accès aux produits de santé, le renforcement de la gouvernance des systèmes de santé, et l’élaboration des politiques de santé publique.

Au Tchad notamment, le projet PASST3 vise à réduire les inégalités de genre et à améliorer les droits et la santé sexuelle et reproductive à Ndjamena, dans le Logone Occidental et le Ouaddaï.

Parmi les composantes mises en œuvre, Expertise France apporte une assistance technique pour le renforcement de l’offre en santé de la reproduction, santé maternelle, néonatale infantile et adolescent (SRMNIA), DSSR et nutrition pour répondre aux besoins spécifiques des femmes et des adolescents et réduire les inégalités femmes/hommes. Ces droits sont ainsi spécifiquement promus auprès du Ministère de la Santé, en étroite collaboration avec le Ministère de la Femme et de la Petite Enfance, pour garantir une prise en charge plus juste et durable des besoins des jeunes femmes et des adolescents dans le cadre de la mise en place de politiques publiques en matière de santé.

 

A visionner : Interview de Mohamed TOURÉ - Chef d’équipe du dispositif d’assistance technique et à la maîtrise d’ouvrage du projet PASST3

 

Les zones de conflits représentent par ailleurs un frein supplémentaire à l’amélioration des conditions de prise en charge des mères et de leurs nouveaux nés.
En Syrie, le projet HERNES 4 financé par le CDCS à hauteur de 5M€ et pour une durée de 24 mois entend fournir des services de santé dans les zones où l’accès est difficile, et former les personnels de santé de plus de 15 organisations dans le Nord est syrien sur le sujet de la santé maternelle et infantile. Ces professionnels formés, principalement des gynécologues, obstétriciens, sages-femmes et infirmiers, contribueront à terme à densifier le maillage des professionnels de santé dans le pays et ainsi renforcer la prise en charge des personnes vulnérables.

Ce projet, en partenariat avec l’ONG franco-syrienne Mehad, contribue par ailleurs au retour de services essentiels des 3 gouvernorats appuyés.

 

Un engagement de L’Initiative face aux maladies infectieuses

En 2023, L’Initiative a engagé 16,90 M€ pour 93 missions d’assistance technique, 38,2 M€ pour 18 projets d’intervention et de recherche opérationnelle, et 25,2 M€ pour 15 interventions visant à répondre aux défis négligés, notamment dans le domaine des ressources humaines en santé.

Ces efforts visent non seulement à renforcer les capacités locales, mais aussi à garantir que les populations les plus vulnérables bénéficient de soins de qualité dans des contextes fragiles.

En matière de santé infantile, les maladies pandémiques touchent particulièrement les enfants. L’Initiative s’engage pleinement, de façon transversale et spécifique, pour combattre les défis majeurs que représentent le VIH-sida, la tuberculose et le paludisme pédiatriques.

 

Au Cameroun, le dépistage de la tuberculose sensible et résistante chez les enfants de moins de 15 ans est insuffisant. Alors que l’OMS recommande que 10 à 12% des cas notifiés soient des enfants de moins de 15 ans, ce taux est de seulement 5,7% en 2023 et 6,7% en 2024. Le projet TB_PEC@2.0 de lutte contre la tuberculose pédiatrique vise à réduire la mortalité et morbidité liée à la tuberculose, en se focalisant notamment sur la recherche active de la tuberculose pédiatrique pour améliorer le dépistage infantile et la mise sous traitement préventif à la tuberculose.

Porté par l’organisation For Impacts in Social Health (FIS), le projet ambitionne de contribuer aux objectifs nationaux d’éradication de la tuberculose d’ici 2030 et se déploie dans 35 formations sanitaires des 08 districts de santé de la ville de Yaoundé. Le projet répond à des besoins critiques pour pallier le manque de prévention, de diagnostic et de prise en charge pédiatrique de la tuberculose. Il vise notamment à améliorer la proportion de notification de TB pédiatrique à 10%, le taux de succès au traitement à 90%, le taux de couverture en TPT(Traitement préventif à la tuberculose) chez les enfants de 0-5 ans à 80% et le taux d'achèvement du TPT à 75%.

Parallèlement, des agents de santé impliqués dans le projet à travers les enquêtes d’entourage autours des cas index sont formés à l’importance cruciale et aux enjeux du dépistage précoce et systématique de la tuberculose pédiatrique.

 

Enfin, au Ghana, Expertise France via L’Initiative s’implique dans le renforcement des investissements en personnel, infrastructures et logistique pour intégrer ces services de soin primaires au cœur des zones reculées.
Le projet Basic Needs est déployé dans 14 districts sanitaires, répartis sur 7 régions du Ghana, avec pour objectif de promouvoir l’équité en matière de santé et améliorer l’accès aux services de soutien psychosocial et de santé mentale, pour les femmes et jeunes filles enceintes et en post-partum, pour celles vivant avec le VIH ou à risque de le contracter et pour les survivantes de violences basées sur le genre.
Il s’adresse en priorité aux populations les plus exposées au risque de VIH et de tuberculose.
L’approche innovante vise à intégrer le soutien en santé mentale pour les filles et les femmes, et à renforcer l’accès à ces services au sein des centres de santé et des maternités.
La richesse de cette initiative réside dans la prise en compte de l’interaction entre maladies transmissibles et troubles mentaux, proposant un soutien adapté dans des contextes où ces troubles amplifient la vulnérabilité et les risques de transmission chez la mère et l’enfant.

 

Pour en savoir plus : interview de Peter Badimak Yaro, Directeur exécutif de BasicNeeds-Ghana 

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