Programme d'appui à l'emploi dans les zones périphériques et frontalières du Burkina Faso
Objectif
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7 M€BUDGET
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01/07/2017DEBUT DU PROJET
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3 ansDUREE
Les jeunes et les femmes, particulièrement touchés par l’insécurité et le manque de perspectives économiques, seront les cibles prioritaires des actions qui seront mises en place au travers des organisations de la société civile (OSC) locales. En effet, les OSC sont en prise directe avec les réalités, les besoins et les potentiels des régions frontalières et constitueront un relais clé dans la mise en œuvre des actions de formation à destination des jeunes et des femmes.
Deux objectifs sont plus spécifiquement poursuivis :
• Stimuler l’employabilité des jeunes et des femmes en développant leurs capacités entrepreneuriales via des formations professionnelles adaptées à la demande locale.
• Favoriser la création d’emplois productifs en stimulant le développement de micro et petites entreprises
Notre stratégie d'intervention
Afin de mettre en place des actions permettant d’améliorer rapidement et durablement la situation économique des jeunes et des femmes, une phase initiale a permis d’analyser les besoins et potentiels des régions concernées, les acteurs en présence et d’établir les cadres de dialogues entre les interlocuteurs des questions de formation, d’emploi et d’entreprenariat.
Dans un second temps, des appels à propositions ont été lancés afin de permettre à des OSC locales de mettre en œuvre les actions visées. Le premier appel à propositions a été lancé en janvier 2018.
Parallèlement à ce travail, un accompagnement des OSC est proposé afin de renforcer leurs capacités à déployer les activités. Un travail de capitalisation est mené tout au long du programme.
La stratégie de mise en œuvre du programme s’appuiera sur 8 principes fondamentaux qui irrigueront les différentes phases et activités de mise en œuvre :
• tenir compte des structures institutionnelles et des cadres de concertation existants,
• rechercher ou créer un espace de concertation locale,
• s’appuyer sur une connaissance précise du terrain,
• toucher les populations les plus vulnérables,
• recourir aux OSC pour imaginer et mettre en œuvre des actions pertinentes et innovantes,
• permettre aux OSC de renforcer leurs compétences,
• suivre et évaluer en continu pour adapter les activités du programme.
Le programme et ses activités veilleront également à s’inscrire dans la continuité de la stratégie élaborée et développée par le ministère de la Jeunesse, de l’Insertion et de la Formation professionnelle.
Objectifs
• Formation de jeunes de plus de 16 ans et de femmes à des métiers qui répondent à une demande.
• Renforcement des capacités d’entrepreneuriat des jeunes et des femmes, leur offrant ainsi des opportunités économiques nouvelles et leur permettant de gérer les retombées de leurs activités.
• Accompagnement des jeunes et des femmes formés dans la création de micro et petites entreprises.
• Renforcement économique ou intégration durable des jeunes et des femmes formés au marché de l’emploi, réduisant les risques de trafic, contrebande et l’attraction des mouvements djihadistes.
• Accroissement des opportunités économiques locales et gestion de leur promotion par des associations ou groupement locaux.
Les activités du programme
Phase 1 : effectuer un diagnostic
Les financements internationaux ne manquent pas au Burkina Faso, notamment en ce qui concerne la formation et l’emploi des jeunes. Les annonces de financement des partenaires techniques et financiers lors de la conférence des partenaires du Burkina Faso tenue à Paris en décembre 2016 se sont élevées à plus de 12,2 milliards d’euros. Ces intentions de financement représentent près de 150% du financement recherché, mais beaucoup restent à être concrétisées.
Ce n’est donc pas en termes de moyens, mais par le choix des actions financées que le programme pourra faire une différence.
Lors de l’étude de terrain, qui s’est déroulée en octobre 2017, trois sujets principaux ont été investigués, dans les trois régions concernées par le programme (Boucle du Mouhoun, Nord et Sahel) : l’accès à la formation professionnelle, l’accès aux financements pour la création d’entreprise et l’analyse des organisations de la société civile présentes.
Accès à la formation professionnelle
En ce qui concerne la formation, si une quinzaine de filières sont présentes, l’offre de formation professionnelle manque de moyens humains et matériels, et reste concentrée dans les chefs-lieux de région. Du côté des apprenants, les coûts de formation, les distances ainsi que les « pesanteurs socio-culturelles » (particulièrement lourdes sur les femmes) sont des facteurs importants pouvant limiter l’accès des jeunes et des femmes à la formation. Par ailleurs, les jeunes et les femmes n’ont pas toujours connaissance de tous les métiers émergents et porteurs, notamment dans le domaine de l’artisanat, du tourisme, de la culture ou de l’industrie extractive.
Accès aux financements pour la création d'entreprises
En ce qui concerne l’accès aux financements, plusieurs modalités sont accessibles dans les régions concernées : les institutions de microfinances privées (IMF), prenant souvent la forme de coopératives, et les fonds publics nationaux. Mais plusieurs freins sont identifiés comme limitant l’accès des populations locales à ces financements, tels que l’exigence de garanties ou l’analphabétisme, mais aussi le manque de qualité des dossiers déposés. L’étude réalisée note que les femmes ont globalement un accès plus facile aux financements, notamment grâce à la mise en place de « cautions solidaires » apportées par diverses associations et groupements de femmes. A l’inverse, les jeunes sont globalement moins organisés et ne disposent pas des garanties exigées par les IMF. Ici encore le manque d’information sur les possibilités de financement limite les initiatives.
Organisations de la société civile
La société civile burkinabé est très dynamique, malgré la faiblesse des financements publics, et dispose d’une grande liberté d’action. Dans le cadre de l’étude de terrain, 21 OSC œuvrant dans les secteurs de l’éduction, de la formation professionnelle ainsi que de l’emploi ont été rencontrées par les enquêteurs dans les 3 régions concernées. Ces OSC reconnaissent être confrontées à des problèmes relatifs à l’absence de formation de leurs membres, le retard dans le financement des projets, au manque synergie entre les acteurs, à l’insuffisance de matériel de formation ou encore à l’absence de suivi post projets.
Le lancement officiel du programme d’appui à l’emploi dans les zones frontalières et périphériques a été l’occasion de présenter les résultats de l’étude préliminaire de terrain et de signer un accord de partenariat avec le ministère de la Jeunesse, de la Formation et de l’Insertion professionnelles.
L’équipe projet a ensuite pu identifier des solutions concrètes pour améliorer l’accès à la formation et à l’entreprenariat des jeunes et des femmes de ces régions.
Lire l'article : Démarrage du Programme d’appui à l’emploi dans les zones frontalières et périphériques
Crédits : Guillaume Colin et Pauline Peno
Phase 2 : cibler les actions
L’étude de terrain qui a été réalisée a été utilisée afin de proposer des activités ciblées et efficaces. Plusieurs pistes ont été suivies :
Miser sur la durabilité
L’efficacité des actions financées tient à leur capacité à produire des effets durables. Deux leviers sont utilisés dans le cadre du programme :
• financer des formations certifiantes, c’est-à-dire reconnues par l’Etat et les employeurs. Cela implique un travail d’ingénierie de formation spécifique, en collaboration avec le Ministère en charge de la formation professionnelle. L’équipe projet dispose d’un expert technique en charge de ces questions.
• travailler de concert avec les autorités burkinabé. Cela se concrétise par un partenariat formel avec le ministère de la Jeunesse, de la Formation et de l’Insertion professionnelles et l’implication systématique des autorités locales dans le suivi des projets financés.
Faciliter l'accès à l'emploi par la formationEn mai 2018, un atelier s’est tenu à Ouagadougou pour valider un guide destiné à opérationnaliser le certificat de qualification de base (CQB). Le CQB, outil de reconnaissance des compétences professionnelles, est une passerelle vers l’alphabétisation et la formation, deux enjeux majeurs pour l’accès à l’emploi dans la région. Les premières sessions de certification se sont tenues en avril 2020. A lire aussi : Les premiers certificats de qualification de base délivrés |
Bien cibler les potentialités d’emploi et les besoins
Il semble opportun d’appuyer, à travers les appels à projets, des projets dans les secteurs prioritaires et porteurs de l’agriculture et de l’élevage, notamment ceux portant sur l’amélioration des productions, la conservation et le conditionnement des produits post-récolte, la transformation à petite échelle des produits agricoles et animales ou encore la commercialisation des productions animales et végétales. Les secteurs de l’artisanat, du commerce et du bâtiment seront eux aussi des secteurs investis dans le cadre du programme.
A lire aussi : Régions frontalières du Burkina Faso : 33 projets en faveur de l’emploi des jeunes et des femmes
Financer des solutions innovantes plus adaptées aux réalités locales
C’est dans cette démarche que le programme fait appel directement aux initiatives de la société civile, au plus près des réalités du terrain.
A cela s’ajoute l’expertise de l’équipe projet, qui est en capacité d’orienter ces initiatives, au vu de bonnes pratiques notamment. Par exemple, le programme pourra chercher à financer prioritairement une offre de formation de proximité à travers les unités mobiles de formations (UMF) en faveur des localités éloignées ou à risque dans les centres urbains.
Contourner les limites liées aux ressources financières
D’une part, le programme cherchera à assurer l’accès à la formation pour ceux qui n’ont aucun moyens, à travers de la subvention, la prise en charge de l’hébergement ou de la restauration.
D’autre part, il cherchera à garantir un accès aux financements pour la création d’entreprise, source majeure de création d’emploi. Si le programme actuel ne peut pas apporter de financements directs en ce sens, il encouragera la concertation entre IMF et mettra en place des partenariats spécifiques et efficaces avec elles, soit pour garantir les crédits auprès des institutions financières pour les personnes formées, soit pour accompagner les efforts d’insertion des jeunes et des femmes dans la vie active.
Par ailleurs, des complémentarités concrètes sont en cours d’identification et de formalisation avec des programmes d’investissement nationaux (Fonds d'appui aux initiatives des jeunes – FAIJ, Fonds d'appui à la formation professionnelle et à l'apprentissage – FAFPA, Fonds d'appui à la promotion de l'emploi – FAPE), avec d’autres financements internationaux (Agence française de développement, Banque mondiale, Banque africaine de développement), ou encore à travers de la coopération décentralisée.
1ères rencontres nationales de la formation professionnelle et de la création d’entreprise
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Poursuite du programme d’appui à l’emploi au Burkina Faso
Au vu des premiers résultats du programme d’appui à l’emploi dans les zones frontalière et périphériques du Burkina Faso, et considérant la dégradation de la situation sécuritaire et sociale dans la zone, l’Agence française de développement a souhaité apporter son concours financier aux activités d’Expertise France en faveur de l’emploi.
Expertise France a ainsi reçu une subvention de 5 M € en septembre 2019 afin de prolonger et d’approfondir les activités mises en place dans le cadre du Programme financé par l’Union européenne.
Le but de l’intervention d’Expertise France, à travers ce financement, reste le même : contribuer au développement endémique des territoires de trois régions du nord du Burkina Faso - la Boucle du Mouhoun, le Nord et le Sahel - afin de favoriser la création d’emploi pour les jeunes et les femmes.
Une quinzaine d’organisations de la société civile supplémentaires vont ainsi pouvoir être accompagnées dans les 3 régions du projet, et un nouveau plan de renforcement de capacités à destination du ministère de la Jeunesse et des collectivités locales va être conçu.
En savoir plus sur le projet de soutien à la création d’emploi au nord du Burkina Faso
Témoignage : Minsita Traoré, experte en création d’entreprise et en entrepreneuriat
1. Comment s’est déroulée la sélection des projets portés par la société civile ?
Notre premier défi était de rendre l’appel à projets accessible. En plus d’une large diffusion, nous sommes allés sur place pour présenter et expliquer ses lignes directrices, et répondre aux questions des candidats. Un cabinet indépendant a ensuite pris en charge l’évaluation des propositions pour un maximum d’objectivité dans la présélection. Chaque conseil régional a effectué son choix final en fonction de ses priorités et de sa connaissance du terrain.
2. Pourquoi un appel à projets destiné aux collectivités territoriales ?
L’objectif était d’appuyer les régions et les communes burkinabè en matière de développement économique local via la mise en place de pépinières, d’incubateurs d’entreprises… avec un ancrage territorial. Ce sont des concepts nouveaux au Burkina Faso, surtout en régions. Notre accompagnement a été décisif pour structurer ces projets.
3. Quel appui l’équipe terrain a-t-elle apporté aux porteurs de projets ?
Chaque projet a été suivi individuellement pour préciser le contenu des activités et les résultats attendus. Ensuite, nous avons formé leurs responsables aux procédures de gestion des projets (comptabilité, ressources humaines, suivi-évaluation…). Désormais, l’accent est mis sur l’accompagnement post-financement et post-formation : nous gardons une fonction de conseil et de formation car beaucoup de petites structures ont besoin d’un suivi rapproché. Nous produisons également des supports (articles, guides…) pour diffuser cette connaissance à plus large échelle.