Renforcer l'autonomisation économique des femmes : quel rôle pour les réformes de l’environnement des affaires ?

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Face aux obstacles persistants entravant la pleine participation économique des femmes, notamment dans les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, des programmes comme la Facilité ICR (Investment Climate Reform Facility) s'efforcent de promouvoir des réformes inclusives et sensibles au genre. Lors de la conférence ICR4WEE des 5 et 6 juin 2024 à Kigali (Rwanda), des experts et décideurs ont partagé leurs idées et expériences sur l'importance d'un environnement des affaires équitable, soulignant l'impact positif des politiques favorisant l'égalité des sexes pour le développement économique et social.

D’après l’Organisation des Nations Unies, 178 pays maintiennent des obstacles à la pleine participation économique des femmes et près de 2,4 milliards de femmes dans le monde ne possèdent pas les mêmes droits économiques que les hommes [1]. Partout dans le monde, les femmes continuent de se heurter à des obstacles qui les empêchent de participer pleinement et sur un pied d'égalité à la vie économique, ce qui entrave non seulement leur potentiel individuel, mais aussi la prospérité et le développement de communautés et de nations entières. Les femmes sont encore largement sous-représentées dans les processus décisionnels et sont confrontées à des lacunes juridiques et sociales structurelles en matière de participation au marché du travail, de salaires, d’accès au financement, d’accès aux réseaux professionnels formels et informels.

Il est donc impératif de lutter contre ces obstacles afin de créer un environnement propice à l'autonomisation économique des femmes. L’adoption de réformes de l'environnement des affaires tenant compte de la dimension de genre est essentielle pour soutenir ce processus sans occulter les expériences et les besoins spécifiques de chacune.  

L’équipe Europe engagée dans la prise en compte du genre dans les réformes de l’environnement des affaires

Grâce à des initiatives telles que la Facilité ICR (Investment Climate Reform Facility) qui intervient dans les pays membres de l’Organisation des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP), Expertise France promeut le dialogue et accompagne les entités publiques et le secteur privé pour élaborer de manière collaborative des cadres réglementaires plus sensibles au genre ainsi que des politiques publiques novatrices qui contribuent à relever les défis multiples auxquels sont confrontées les femmes dans le secteur privé.

La Facilité ICR a mis en œuvre depuis 2020 plus de 77 interventions dans près de 68 pays, rendant l'environnement des affaires plus favorable pour les entrepreneur.e.s et les chef.fe.s d’entreprise. La Facilité ICR a notamment accompagné la Commission de la CEEAC pour la création du Haut Conseil des Affaires en Afrique Centrale, l’Agence Nationale de Promotion des Investissements  des Comores pour l’élaboration d’un Livre Blanc sur le climat d’investissement aux Comores ainsi que la direction générale des Partenariats Publics-Privés (PPP) du Ministère de l’Economie et des Finances de Djibouti pour l’opérationnalisation du cadre PPP de Djibouti. Cette initiative s’inscrit dans l’esprit de l’Equipe Europe : un programme multi-bailleurs (cofinancé par l’Union européenne, l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, le ministère fédéral allemand de l’économie et des finances pour la Coopération et le Développement (BMZ), et le British Council) mis en œuvre conjointement par plusieurs agences des Etats membres de l'Union européenne - la GIZ, le British Council, Expertise France et SNV.

La conférence ICR4WEE : dialogue, retours d’expériences et pistes d’actions

S'appuyant sur ces réussites et sur les réseaux dynamiques qu'elle a construit dans le cadre de ses activités, la Facilité ICR a souhaité réunir des acteurs-clé de l’autonomisation économique des femmes des Etats ACP.

Ainsi, 150 intervenant.e.s issu.e.s d’institutions publiques et privées ont été rassemblé.e.s les 5 et 6 juin à Kigali, au Rwanda, pour partager leurs accomplissements et leurs idées novatrices sur la manière dont les réformes de l'environnement des affaires peuvent mieux inclure les femmes et promouvoir leur participation économique.

Les participant.e.s ont pu prendre part à un large choix de tables rondes sur des sujets variés tels que l’économie du soin, l’utilisation de données désagrégées par sexe ou encore l’intégration du genre dans les finances publiques. Ces tables-rondes ont permis aux participants de se rencontrer et de bénéficier d’un espace de dialogue avec leurs pairs. Les échanges ont contribué à faire ressortir des solutions concrètes pour la création de conditions juridiques, institutionnelles et réglementaires permettant la pleine participation des femmes à l’économie.

Encourager la participation des femmes dans les affaires : réflexions et dialogue avec les organisations représentatives du secteur privé

Lors d’une des tables-rondes, des représentantes d’organisations représentatives du secteur privé ont mis en lumière le rôle essentiel de ces structures pour promouvoir la participation des femmes dans les affaires. Ainsi, Catherine Harris Karmo, Secrétaire Générale  de la chambre de Commerce du Liberia, a insisté sur la capacité de chaque organisation à mettre en œuvre des mesures concrètes, quel que soit son niveau de maîtrise des questions de genre. « Il faut commencer petit à petit et construire une dynamique de changement pour améliorer la représentation des femmes dans les chambres de commerce », a-t-elle expliqué.

De son côté, Virginie Lauret, Directrice Executive de Cap Business Océan Indien, organisation regroupant des chambres de commerce et d’industrie ainsi que des organisations professionnelles des six territoires insulaires du sud-ouest de l’océan Indien, a mis en avant l’importance de la mobilisation de ressources techniques dédiées pour accompagner ces changements : « Nous avons la chance d'avoir une chargée de mission Egalité Femmes/Hommes au sein de notre équipe […] et cela fonctionne mieux avec une ressource interne ».

Grâce à ces échanges, les participants ont pu bénéficier de témoignages diversifiés et de pistes de solutions concrètes à mettre en œuvre pour améliorer la participation des femmes dans les organisations représentant le secteur privé ainsi que dans les structures managériales des entreprises.

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