Une coopération renforcée pour lutter contre les risques nucléaire, radiologique, biologique et chimique (NRBC)

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Ce 20 mars, Expertise France consacre une nouvelle édition de ses Rendez-vous de l’Expertise à la gestion des risques NRBC afin de donner la parole aux experts français, européens et du continent africain d’un secteur dans lequel la mise en commun de bonnes pratiques contribue pleinement à apporter des réponses adaptées à ces enjeux de sécurité humaine. L’occasion de revenir sur les projets menés par l’agence sur la thématique.

La lutte contre les risques NRBC constitue un défi à la hauteur d’une menace invisible mais non moins cruciale pour les populations. Ces derniers englobent en effet des menaces multisectorielles pour la santé publique, l’environnement ou encore la sécurité globale.

L’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest (2014-2016) et l’explosion du port de Beyrouth (2020) sont des exemples forts des impacts transfrontaliers des incidents NRBC. Ces crises, qui ont affecté des populations, des infrastructures et des écosystèmes, rappellent l’importance de la prévention, de la coordination internationale et du renforcement des capacités nationales pour mieux protéger les populations.

Alors que cette année marque les 50 ans de la Convention sur l’interdiction des armes biologiques (CABT, 26 mars 1975), Expertise France contribue activement depuis plus de dix ans à la politique européenne d’atténuation des risques NRBC, en particulier via l’Initiative des Centres d’Excellence NRBC, créée en 2010 par l’Union européenne. À travers une vingtaine de projets sur les façades Atlantique et Est de l’Afrique, ainsi qu’en Asie centrale, l’agence a soutenu la mise en place de cadres législatifs, de normes partagées et de formations adaptées, permettant de répondre efficacement aux menaces NRBC.

 

Une gouvernance réglementaire internationale pour mieux coordonner les actions de lutte

Les enjeux liés aux risques NRBC étant multiples - prolifération de matériaux dangereux, vulnérabilité des infrastructures critiques – et les armes biologiques et chimiques faciles à dissimuler, de nombreuses questions se posent en matière de détection et de réponse rapide. De même, les installations nucléaires et radiologiques, en cas de sabotage ou de catastrophes naturelles, peuvent provoquer des impacts transfrontaliers majeurs.

Ces menaces sont amplifiées par l’évolution géopolitique et la sophistication technologique, rendant plus complexes la prévention et la coordination internationale.

Face à ces dangers, les États doivent relever plusieurs défis : renforcer les cadres législatifs et réglementaires, développer des systèmes de détection avancés, améliorer la formation des primo-intervenants, et promouvoir une coopération globale pour prévenir et répondre efficacement à ces menaces.

 

Dans 11 pays du Golfe de Guinée, le projet P95 - SAFETIC (2022 – 2025) a pour objectif de finaliser le cadre réglementaire, opérationnel et institutionnel pour atténuer les risques industriels liés aux installations et au transport de marchandises dangereuses dans la région de la Façade Atlantique de l’Afrique. Le projet adopte une approche collaborative centrée sur les installations à haut risque en intégrant pratiques locales et internationales. A cet égard, les activités mises en place permettent de formaliser le cadre juridique pour une régulation efficace, avec la mise à jour des inventaires et documents de référence, mais aussi l’optimisation des plans d’urgence via le renforcement de la sécurité par la rédaction de plans détaillés et l'organisation d'exercices de gestion de crise pour tester et ajuster les plans d’urgence en situation réelle.

 

   A lire : Rapport sur la sécurité des installations chimiques et du transport de marchandises dangeureuses sur la Façade Atlantique de l'Afrique.

 

Sur le volet de la biosécurité, le projet P99 BIOCAP-ECA tend à faciliter l’élaboration de lois et règlements, la création de comités et de cadres de biosécurité et l’intégration dans des associations régionales. Ces actions se déclinent dans 11 pays d’Afrique de l’Est et Centrale, dont l’Ethiopie, le Kenya ou encore l’Ouganda.

Dans ce contexte, l'initiative des Centres d'excellence pour la réduction des risques NRBC de l'Union européenne (UE) participe à l’établissement des feuilles de route pour la biosécurité et la sûreté biologique au travers d’un inventaire des capacités dans les domaines de la santé humaine/animale et de l'environnement. Elle contribue aussi au respect des exigences et des réglementations internationales telles que la convention sur les armes biologiques, la résolution 1540 du Conseil de sécurité des Nations unies et les réglementations mondiales en matière de santé.

 

Des initiatives locales pour encourager les bonnes pratiques des acteurs de terrain

Pour répondre efficacement à ces défis, Expertise France mise sur le développement des compétences, la formation, la montée en compétences et la création d’outils pour permettre aux personnels, experts, industries et gouvernements de mieux se saisir des enjeux de sécurité humaine et environnementale. Pour ce faire, une coordination inter-agences favorise une réponse adaptée et rapide, particulièrement dans les situations de crise.

 

Aux côtés de l'Andra et de l'IRSN, Expertise France soutient le Centre de radioprotection du ministère irakien de l'environnement en menant des formations sur la caractérisation des déchets radioactifs, l'inspection des installations de déclassement, d'assainissement, de traitement, de stockage et d'élimination de ces déchets.

Ce projet est mis en œuvre dans le cadre de l’instrument européen de coopération pour la sûreté nucléaire (ICSN) lancé en 2014. Il soutient la promotion d'une culture de sûreté nucléaire et de radioprotection, la gestion sûre du combustible nucléaire usé et des déchets radioactifs et l'application de garanties effectives et efficaces concernant les matières nucléaires dans les pays non membres de l'UE.

 

Des visites d’études permettent par ailleurs aux points focaux et aux experts nationaux des pays partenaires de ces projets de se familiariser avec les exigences de sécurité des sites industriels. En octobre 2024, dans le cadre du projet P95, des experts nationaux en Côte d’Ivoire ont bénéficié d’un exercice de terrain et de sessions de discussions pour assurer la bonne mise en œuvre des exercices et renforcer la collaboration régionale sur les sujets NRBC.
En juin de la même année, à Nairobi au Kenya, un séminaire a lui permis de développer un outil national d’évaluation des risques biologiques adapté à chaque pays partenaire et de découvrir les principes clés de la gestion des déchets biologiques et de se familiariser avec les normes internationales et les directives de l’ONU liées aux déchets biologiques, avec le soutien des experts européens du projet BIOCAP-ECA.

 

  A lire : Interview de Musonda Mandona, conseillère en biosécurité et en bio-sûreté pour le Ministère de la Santé de Lusaka

 

Ces enjeux sont d’autant plus prégnants dans des zones où les risques NRBC se joignent aux directives franco-européennes de sécurité maritime. Dans l’Indopacifique, le projet « Global Ports Safety (GPS) » (2024-2028) couvre 8 pays de la zone et a pour objectif la prévention et la gestion des incidents portuaires, avec un focus sur la décarbonation et la gestion des risques liés aux nouveaux carburants maritimes. Ce dernier, co-financé par l’UE et par la DCSD, permettra à termes le déploiement de sessions de formations et de matériels dans 12 ports de 8 pays partenaires, au Vietnam, aux Philippines ou encore en Thaïlande.

 

  Pour suivre le RDV de l'Expertise sur la lutte contre les risques NRBC

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