Saut au contenu

TADY - TAntsoroka ho an’ny Diaspora
Créer les conditions favorables à la mobilisation de la diaspora pour le développement socio-économique de Madagascar.

print
Falihery Francisco - AFD

Objectif

Le projet vise à renforcer le cadre institutionnel et développer le capital culturel et économique local afin de structurer les politiques publiques en faveur de la diaspora malgache.
  • 7 M€
    BUDGET
  • 06/06/2023
    DEBUT DU PROJET
  • 48 mois
    DUREE

A Madagascar, une dynamique migratoire en croissance constante depuis 1990

Depuis le début des années 1990, le nombre de migrants internationaux en provenance de Madagascar est en constante augmentation. Estimé à 58 000 personnes en 1990, il est évalué à 170 000 vingt-cinq ans plus tard, pour atteindre 184 762 individus en 2020. La France représente, de loin, la première destination pour ces migrants internationaux (84 %), suivent les Comores (5 %), le Canada (3 %), l’Italie et la Belgique (1 %). Avec un ratio de 63% de femmes, l’immigration malagasy est nettement plus féminisée que la moyenne mondiale. La diaspora malagasy établie en France se distingue par un haut niveau de qualification, supérieur à la moyenne nationale française (60 % de master et doctorat contre un peu moins de 30% en France). Un tiers de cette diaspora se concentre en Ile-de-France (37 %), mais bénéficie pour les deux tiers restants d’une répartition équilibrée régionalement.

La croissance continue de l’émigration depuis Madagascar s’accompagne d’un accroissement des transferts monétaires sur la période récente. Estimés à 4 millions de dollars US en 1990, ces transferts formels atteignent 327 millions en 2015, puis 433 en 2019, soit près de 4 % du PIB. La mobilisation de la diaspora à l’échelle individuelle et des ménages se double d’une mobilisation à l’échelle collective et communautaire. Le Forum des Organisations de la Société Civile issues des Migrations (FORIM) recense 240 associations de ressortissants malagasy créées au cours de la période 2006 – 2016 en France.
 

Une volonté politique de valorisation de la diaspora malgasy

Tenant compte du potentiel croissant incarné par la diaspora en termes de contribution au développement socio-économique du pays d'une part, et des besoins accrus en matière de protection et d’assistance consulaires d'autre part, les autorités ont élaboré une réponse politique et institutionnelle ambitieuse en faveur des diasporas au tournant des années 2015-2016.

Initiée par la création de la Direction générale de la promotion économique et de la diaspora auprès du ministère des Affaires étrangères, au sein de laquelle est instaurée une Direction de la diaspora, elle est consacrée le 17 février 2021 par l’adoption d’une lettre de politique nationale d’engagement de la diaspora malagasy (LPNED), qui porte une vision jusqu’en 2030. Celle-ci entend « établir une relation mutuellement bénéfique entre l’État de Madagascar et la diaspora malagasy, qui prenne en compte les besoins et aspirations des Malagasy à l’étranger et qui favorise leur implication dans le développement durable du pays ».

Cinq axes stratégiques structurent la LPNED :

- Axe 1 : La protection et l’accompagnement des Malagasy Ampielezana (Malagasy à l’étranger).
- Axe 2 : La valorisation du capital social, culturel, technique, économique et financier de la diaspora.
- Axe 3 : L’amélioration des connaissances sur les Malagasy Ampielezana.
- Axe 4 : La participation citoyenne et politique des Malagasy Ampielezana.
- Axe 5 : Le renforcement du partenariat stratégique et de la coopération sur la question de mobilisation de la diaspora au niveau national, bilatéral et multilatéral.

Ces cinq axes ont fait été déclinés en un plan d’actions, élaboré avec le soutien de l’initiative « Migration EU Expertise » (MIEUX), financée par l’Union européenne (UE) et mise en œuvre par le Centre international pour le développement des politiques migratoires (ICMPD), qui détaille les activités, résultats, indicateurs de suivi, acteurs, calendrier et moyens requis pour sa mise en œuvre.

TADY, un projet d'appui à l'opérationnalisation de la LPNED

Dans ce contexte de valorisation de la diaspora malagasy, Expertise France met en œuvre le projet TADY, qui vise à créer les conditions favorables à la mobilisation de la diaspora pour le développement socio-économique de Madagascar. Ce projet s'articule autour de trois grands objectifs :

 

1- Renforcer les capacités des acteurs institutionnels à piloter et rendre compte de la mise en œuvre de la LPNED

Expertise France accompagne le ministère des Affaires étrangères malgache dans le pilotage stratégique et opérationnel du déploiement de la LPNED. Un renforcement des capacités du personnel ainsi que du réseau consulaire est proposé, notamment sur les aspects de suivi-évaluation et communication et l’élaboration d’une offre de service pour la diaspora malgache.

Un dispositif d’assistance technique sera mis en place pour soutenir la montée en compétences et la modernisation des services du ministère au cours de la première phase de mise en œuvre de la LPNED (2022-2026), et l’harmonisation et le renforcement du réseau diplomatique et consulaire dans ses capacités de délivrance de services d’assistance. Les cadres et les acteurs de régulation et de suivi des mobilités professionnelles agissent en ce sens pour réduire l’exposition des travailleurs migrants aux situations de vulnérabilité, de violences basées sur le genre et de traite des êtres humains.

 

2- Valoriser le capital social, culturel, économique et financier de la diaspora

Cet axe d'intervention vise à mobiliser la diaspora malgache afin de contribuer au développement social, économique et culturel du pays. Pour ce faire, de l’expertise privée de la diaspora malgache sera mobilisée afin d’apporter un appui en termes de renforcement des capacités aux structures privées ou publiques qui auront exprimés des besoins.

Ainsi 30 projets de développement locaux seront identifiés, exécutés et évalués dans le cadre de partenariats nord-sud (diaspora, organisations de la société civile, coopérations décentralisées, autorités locales), 40 volontaires seront sélectionnés et déployés auprès de collectivités locales et d'associations de la société civile malgache, et 20 experts de la diaspora seront mobilisés au bénéfice du secteur privé

 

3- Assurer le suivi de la LPNED et le dialogue de politiques publiques sur les enjeux migrations, diaspora et développement par un dispositif de développement des connaissances

Des données quantitatives seront mises à jour et consolidées sur le poids de la diaspora malgache et ses modes d’organisation, l’analyse des dynamiques de développement portées par la diaspora malgache (enquêtes qualitatives), et la formalisation d’un « Observatoire de l’engagement de la diaspora ».

La réduction des inégalités de genre et la contribution des femmes au développement de Madagascar au cœur des enjeux migratoires

La migration au départ de Madagascar se caractérise par une féminisation marquée, qu’il s’agisse du corridor historique liant Madagascar à la France (deux tiers de femmes), ou des corridors émergents à destination des pays du Golfe et du Moyen-Orient (90% de femmes). La composition de la diaspora malgache appelle donc une intégration forte et systématique des enjeux de genre.

Le soutien et la valorisation de l’engagement des femmes de la diaspora et la lutte contre les inégalités de genre seront donc pris en compte sur l'ensemble des axes d'intervention du projet.

• Une forte représentativité féminine sera favorisée dans les activités de renforcement de capacités. Les enjeux de genre et les besoins spécifiques des femmes seront intégrés dans les activités mises en œuvre par les acteurs institutionnels au bénéfice de la diaspora en France et des travailleuses domestiques migrantes au Moyen Orient, et des indicateurs dédiés seront établis dans l’évaluation de la LPNED.

Le financement de projet posant explicitement la réduction des inégalités de genre sera encouragé. La participation féminine et la valorisation du capital humain des femmes de la diaspora au travers des dispositifs de volontariat et d’expertise seront encadrées par des objectifs quantitatifs spécifiés.

La dimension genre sera intégrée à l’ensemble des enquêtes quantitatives et qualitatives.