Réduire le coût des violences de genre grâce à une budgétisation inclusive

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Les violences de genre représentent un défi majeur, tant sur le plan humain qu’économique. A travers le projet Gender Flagship financé par l’Union européenne, Expertise France soutient les États membres dans l’adoption de pratiques budgétaires pour prévenir ces violences et mieux accompagner les victimes.

Avec un coût annuel estimé à 289 milliards d’euros selon l’Institut européen pour l’égalité de genre (EIGE), les violences de genre ont des répercussions profondes sur nos sociétés. Ces chiffres incluent la perte de productivité économique et les dépenses publiques de santé, de justice, de police et de services sociaux.

A travers le projet Gender Flagship, financé par l’Union européenne, Expertise France accompagne douze autorités nationales et locales dans neuf États membres pour intégrer des approches budgétaires sensibles au genre, permettant de mieux prévenir et répondre à ces violences. Ce projet est mis en oeuvre en partenariat avec l'Institut européen pour l'égalité entre les hommes et les femmes et l'Institut universitaire européen. 

  Lire aussi sur le site de l'EUI : "The EUI and Expertise France join efforts to promote gender equality"

Du 26 au 28 novembre 2024 à Strabourg, un atelier réunira des experts, des décideurs et des organisations internationales pour discuter des solutions concrètes mises en œuvre. Cet évènement est aussi une opportunité clé pour les partenaires d'échanger sur les réussites et les défis de ces réformes. 

Le coût des violences de genre : une urgence économique et sociale

Les violences de genre représentent une manifestation insidieuse des inégalités entre les sexes. Elles se traduisent par des actes de violence infligés à une personne en raison de son genre, touchant de manière disproportionnée les femmes. Ces violences s’exercent aussi bien dans la sphère privée, au sein des foyers, que dans la sphère publique, dans des contextes professionnels ou sociaux. Elles comprennent des formes physiques, sexuelles, psychologiques, économiques, et aujourd’hui, des violences numériques telles que le cyberharcèlement.

Au-delà des blessures visibles, les violences de genre constituent une violation des droits fondamentaux et un frein à l’égalité. Elles sont également un obstacle majeur à l’émancipation individuelle et collective.

Les statistiques européennes révèlent l’ampleur du phénomène. Selon l’Agence des droits fondamentaux de l'Union Européenne (FRA), une femme sur dix dans l’Union européenne a subi une forme de violence sexuelle depuis l’âge de 15 ans, et une sur vingt a été victime de viol. Plus de 20 % des femmes ont été confrontées à des violences de la part d’un partenaire intime, et 43 % ont subi des comportements psychologiquement abusifs ou de contrôle dans une relation.

Ces chiffres, bien qu’alarmants, sont probablement sous-estimés, de nombreuses victimes ne déclarant pas les violences subies.

Les conséquences économiques sont tout aussi accablantes. Les violences faites aux femmes coûtent à l’Union européenne environ 289 milliards d’euros par an, selon l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (EIGE). Ce chiffre englobe les pertes de productivité, les coûts médicaux, ainsi que les services de soutien et de protection. À cela s’ajoutent les coûts de la cyberviolence envers les femmes et les filles, estimés entre 49 et 89,3 milliards d’euros annuellement par le Service de recherche du Parlement européen (EPRS).

 

 

La budgétisation sensible au genre : un outil de transformation

Pour répondre à cette double urgence, économique et sociale, la budgétisation sensible au genre s’impose comme un outil essentiel. Elle consiste à analyser et à allouer les ressources budgétaires de manière à répondre aux inégalités entre les sexes et à les réduire. Contrairement à une budgétisation classique qui peut ignorer les impacts différenciés des politiques publiques, cette approche met en lumière comment l'allocation des fonds publics peut influencer la vie des femmes et des hommes de manière différente. En intégrant une perspective de genre dans l'allocation des ressources, les États peuvent non seulement réduire les inégalités mais aussi prévenir et atténuer les effets des violences de genre.

Le projet Gender Flagship, financé par l'Union européenne via l'Instrument de soutien technique, illustre parfaitement cette démarche. Piloté par Expertise France, en partenariat avec l’Institut Universitaire Européen (EUI) et l’EIGE, ce projet accompagne douze administrations dans neuf États membres pour intégrer ces pratiques.

 Grâce au soutien d’Expertise France, la ville de Strasbourg a développé, testé et lancé des outils innovants permettant d’identifier et de documenter les mesures, les interventions et les budgets dédiés à la prévention, à la réponse et à la réduction des risques face aux violences faites aux femmes. Ces avancées renforcent notre capacité à agir de manière ciblée et efficace contre ces violences. Christelle Wieder, adjointe à la Maire de Strasbourg, en charge du droit des femmes et de l’égalité de genre, Conseillère eurométropolitaine.

 

 

 

Des réformes qui réduisent le coût des violences de genre

Les réformes introduites par le biais de la budgétisation sensible au genre permettent une meilleure allocation des ressources. Par exemple, investir dans des programmes d’éducation et de sensibilisation aux comportements égalitaires contribue à la prévention des violences. De même, des services améliorés pour les victimes réduisent leur impact à long terme sur les individus et la société.

L’objectif ultime de la budgétisation sensible au genre est de promouvoir des réformes structurelles durables. Ces réformes permettent de créer des politiques plus justes, qui protègent les populations en situation de vulnérabilité tout en assurant une meilleure utilisation des ressources publiques. Par conséquent, en agissant en amont et en investissant de manière stratégique, les gouvernements peuvent réduire les coûts socio-économiques des violences de genre et favoriser un environnement plus équitable.

En tant qu’agence de coopération technique, Expertise France joue un rôle essentiel dans le soutien aux réformes structurelles des États membres en travaillant main dans la main avec les autorités partenaires pour garantir que les outils et méthodologies proposés soient adaptés à leurs contextes nationaux et locaux. Cette collaboration étroite vise à assurer une appropriation durable des pratiques. L'intégration de la budgétisation sensible au genre dans les politiques publiques n’est pas seulement une réponse aux inégalités, mais également un moyen de réduire les coûts socio-économiques des violences de genre. Le projet Gender Flagship démontre que des actions concrètes, soutenues par une coopération internationale, peuvent générer des impacts durables pour une société plus équitable.

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