Nucléaire Afrique (NUCAF)

L’Afrique fait face à des défis majeurs en matière d’approvisionnement énergétique. Avec l’une des croissances démographiques les plus rapides au monde, la population du continent devrait atteindre 2,5 milliards d’habitants d’ici 2050, selon les projections de l’ONU. Cette croissance démographique, combinée à un développement du secteur industriel, accentue la pression sur les infrastructures énergétiques existantes. Dans ce contexte, l’énergie nucléaire apparaît comme une solution fiable et durable pour répondre à ces besoins énergétiques grandissants, offrant une alternative aux énergies fossiles, et jouant un rôle clé dans la transition énergétique et le développement durable du continent.

De nombreux pays africains affichent un intérêt croissant pour le nucléaire civil afin de diversifier leurs sources d’énergie. Si certains disposent déjà d’une activité nucléaire, à l’image de l’Afrique du Sud, pionnière du continent avec l’exploitation de la centrale de Koeberg depuis les années 1980, d’autres, comme l’Egypte ou le Nigeria, sont engagés dans des projets de construction de centrales nucléaires. Parallèlement, plusieurs pays dont le Kenya, la Maroc ou la Ghana explorent la faisabilité de tels programmes.

Toutefois, ces initiatives s’accompagnent de défis majeurs, notamment en matière de sûreté des installations, de gestion des déchets radioactifs, et de formation de personnel qualifié. Les incidents nucléaires à l’échelle mondiale comme celui de Fukushima en 2011 ont mis en lumière les conséquences que peuvent entraîner des failles en matière de sécurité nucléaire. 

Face à ces enjeux, la mise en place de normes de sûreté rigoureuses apparaît comme une nécessité pour garantir la protection des populations, des travailleurs et de l’environnement. Cela implique le renforcement des capacités locales en matière de réglementation, de supervision et de gestion des déchets nucléaires, afin d’assurer le développement sûr et durable du nucléaire civil en Afrique.

Le projet NUCAF est financé par l’Union européenne dans le cadre de l’Instrument Européen pour la Coopération en Matière de Sécurité Nucléaire (INSC), dont l’objectif est de soutenir la promotion de la sécurité nucléaire, la protection face aux radiations et la gestion sécurisée des combustibles et des déchets radioactifs dans les pays partenaires non-membres de l’UE. L’INSC se base sur les normes de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) et mène des actions conformes aux meilleures pratiques internationales.

Neuf pays membres du Forum des Autorités de Régulation Nucléaire en Afrique (FNRBA) ont sollicité conjointement le soutien de la Commission européenne pour le développement de leurs infrastructures nucléaires afin de se conformer aux standards de l’AIEA et atteindre le plus haut niveau de sûreté nucléaire. Le programme NUCAF met donc en œuvre des actions de manière bilatérale avec l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Ghana, le Kenya, le Maroc, le Nigeria, le Soudan et le Zimbabwe. Une coopération régionale sera aussi déployée dans le cadre du FNRBA et en lien avec les organes régionaux et internationaux pertinents. Ainsi, l’objectif est de renforcer les compétences, l’indépendance et la durabilité des autorités de régulation des pays ciblés en promouvant une approche centrée sur la sécurité nucléaire.

Les activités entreprises par le projet NUCAF incluent l’harmonisation des régulations en matière de radioprotection et de sûreté nucléaire, l’élaboration de plans de surveillance des radiations et de réponse aux situations d’urgence et des sessions de formation et des ateliers multinationaux axés sur le renforcement des capacités règlementaires. Enfin, de manière bilatérale, le projet prévoit la mise en place d’un centre national pour les urgences nucléaires ou radiologiques au Maroc, et une préparation renforcée de l’Autorité de Régulation Nucléaire du Ghana.

En outre, les femmes, souvent sous-représentées dans ce secteur, sont encouragées à participer activement à ces activités.